Publié le Vendredi 30 janvier 2009 à 13h06.

29 janvier : jour de colère

Il y aura un avant-29 janvier, et un après. Évidemment, personne ne se fait d’illusions : cette journée ne va pas bloquer les attaques que nous subissons depuis des mois, mais elle est l’occasion, la première depuis des mois, d’exprimer notre colère, notre refus de subir la loi toujours plus dure du gouvernement et des capitalistes.

Le coup de frein brutal à la croissance est une calamité pour les actionnaires, habitués à leur profitabilité à deux chiffres, à leurs dividendes gorgés de profits accumulés sur le dos des travailleurs. Ce coup de frein, ils nous le font payer au centuple, espérant, par le chômage technique et les licenciements, maintenir les marges mises à mal par la récession. Les salariés de l’automobile, des banques, de la sidérurgie, du bâtiment sont touchés de plein fouet par ce sauve-qui-peut capitaliste.

Ces attaques sur l’emploi et les salaires arrivent alors que nous subissions déjà des blocages de pouvoir d’achat, que vont confirmer les négociations annuelles obligatoires (NAO) commençant dans le privé. Et pourtant, malgré la baisse des cours du pétrole, le prix de l’énergie gazière et électrique est toujours au plus haut. Les loyers, l’alimentation grèvent les budgets des ménages. La Sécu rembourse de plus en plus mal, et les pensions s’étiolent comme peau de chagrin.

Jour après jour, la politique de Sarkozy aggrave l’accès aux services publics de la santé, de La Poste, de l’enseignement dans lesquels les suppressions de lits, de classes, d’effectifs ne cessent de rendre la vie plus difficile, notamment dans les quartiers populaires. Le pendant de cette politique, comme toujours avec Sarkozy, est de répandre la peur, la menace de sanctions contre des personnels qui font tout pour maintenir un service public en voie de démantèlement.

Dans les transports également, la répression est le pendant des réductions d’effectifs. Quand les cheminots de Saint-Lazare obtiennent enfin, par la grève, des revendications sur leurs conditions de travail refusées par leur direction, ils sont quasiment traités de terroristes par le gouvernement. La leçon est claire. Les salariés doivent subir chômage, baisse du pouvoir d’achat et dégradation des conditions de travail pour maintenir les revenus de la classe dominante… S’y opposer est un acte de désobéissance civile !

Les cheminots de Saint-Lazare, les instituteurs qui refusent d’appliquer les mesures Darcos sont donc désignés comme des fauteurs de troubles irresponsables. Quant aux droits des chômeurs aux Assedics, quelques vrais irresponsables syndicaux sont prêts à les vendre pour un plat de lentilles, alors que la défense des précaires et des revenus de chômeurs est plus que jamais à l’ordre du jour.

Dans un tel contexte, on assistait, depuis des mois, à un silence assourdissant du mouvement syndical, qui laisse seuls les secteurs osant s’affronter au gouvernement, qui ne présente aucune perspective de lutte d’ensemble à la hauteur des attaques que nous subissons, aucune revendication offensive capable de rassembler les salariés et de faire mordre la poussière au patronat et au gouvernement.

Dès lors, le 29 janvier doit d’abord être une réponse politique à ce gouvernement et à son vrai Premier ministre, Nicolas Sarkozy. Nous serons en grève et dans la rue pour lui prouver que, malgré ses menaces, ses forces de police omniprésentes, son arsenal répressif et son terrorisme verbal, malgré la démission des directions syndicales et de la gauche institutionnelle, nous sommes debout et prêts à nous battre. Le 29 janvier sera d’abord un cri de colère pour montrer notre force et rappeler aux exploiteurs qu’ils ont tout à craindre de la mobilisation des travailleurs.

Le spectre d’une grève générale hante les couloirs du pouvoir. Ceux qui nous dirigent savent pertinemment qu’ils font peser une pression insupportable sur les salariés. Ils savent aussi que personne n’est dupe de leur propagande : ils sont capables de mobiliser des centaines de milliards pour sauver le système, tout en refusant un dixième de ces sommes pour la protection sociale ou les retraites. Ils sont capables de baisser quasiment à zéro le taux directeur de la Banque centrale européenne, quand le crédit populaire est toujours aussi cher et inaccessible. Ils peuvent prêter des milliards aux banques et au secteur automobile, quand licenciements et chômage technique sont la seule réponse donnée aux salariés.

Alors, évidemment, la colère monte. C’est même pour cela que toutes les organisations syndicales ont été obligées d’appeler à cette journée de grève et de manifestations. C’est pour cela que se sont multipliés les appels unitaires, souvent bien meilleurs, dans les branches professionnelles et les régions. Bien sûr, les plus touchés par la crise, notamment dans l’automobile, savent bien que cette journée ne bloquera pas les attaques qu’ils subissent. Mais les millions de grévistes, les centaines de milliers de manifestants seront autant d’espoir pour les salariés.Espoir d’une réelle offensive prolongée, d’un mouvement d’ensemble qui mette un coup d’arrêt aux attaques de Sarkozy et du Medef.