Publié le Mercredi 14 octobre 2015 à 18h44.

Affaire Bygmalion : Sarkozy, ses « bons amis » ou la machine à perdre…

Sarkozy « ne sait pas assumer » ses responsabilités dans l'affaire des fausses factures de sa campagne présidentielle en 2012, selon les déclarations au Nouvel Obs de Lavrilleux, son ancien directeur adjoint de campagne aujourd'hui mis en examen. Lavrilleux, proche de Copé, accuse son ancien patron de « se défausser [...] Il dit : “C’est pas moi, c’est Copé.” Il se défausse, il vit dans un monde irréel et ne sait pas assumer. Les grands chefs sont pourtant ceux qui assument. L’ingratitude est la marque des faibles. » Au delà des jugements qui se veulent agressifs contre Sarkozy, Lavrilleux avance des accusations plus concrètes à propos de ce système de fausses factures entre l’UMP et Bygmalion, société contrôlée par des proches de Copé. Il affirme que c’est l’ensemble des comptes de campagne qui a « dérapé », « et pas seulement le budget consacré aux meetings », jusqu'alors principalement mis en causeLes fausses factures auraient permis d’imputer à l’UMP environ 18,5 millions d’euros de dépenses de meetings qui auraient dû figurer dans le budget de campagne du candidat, afin de dissimuler un dépassement du plafond légal des dépenses fixé à 22,5 millions d’euros. Selon Lavrilleux, l’UMP aurait, « en plus des fausses factures de Bygmalion », dépensé 10 millions d’euros au lieu des 2,5 millions prévus dans le budget du parti. Une somme qui porterait les frais de la campagne à un total de 50 millions d’euros. Une jolie somme pour un campagne...

Nager dans 20 cm d'eau...

Il dit avoir subi des tentatives d’intimidation de la part de proches de Sarkozy. « Il m’arrive d’avoir peurJe n’ai pas envie d’apprendre à nager dans 20 centimètres d’eau comme Robert BoulinJ’ai dit à mes proches que si un jour j’avais un accident de voiture, il faudrait faire une expertise. C’était de l’humour noir... quoique. » Mis en examen pour usage de faux, recel d’abus de confiance, complicité d’escroquerie et complicité de financement illégal de campagne électorale, Lavrilleux n'a plus grand chose à perdre et se venge donnant une idée de l'ambiance qui règne au sein des Républicains

Brice Hortefeux, parait-il fidèle parmi les fidèles, jure que cette affaire ne concerne que la société Bygmalion et en aucun cas Sarkozy. On a quelques raisons d'en douter mais même si ce dernier, futur candidat, réussit à obtenir la compréhension des juges, il n'en aura pas fini avec toutes celles et ceux qui ont des comptes à régler avec lui. Nul doute que le moment venu Patrick Buisson saura se rappeler à sa mémoire lui qui avait enregistré les réunions à l'Elysée de son patron, enregistrements rendus publics en mars 2014 par Le Canard enchaîné ...  Mis en examen dans l'enquête sur les sondages commandés par Sarkozy entre 2007 et 2012, ce mardi, il était justement dans le bureau du juge... Sans doute aussi, le moment venu, Morano et d'autres sauront servir à Sarkozy ce plat qui, dit-on, se mange froid, et que le monde des politiciens semble beaucoup apprécier, la vengeance.

Yvan Lemaitre