Le vendredi 16 octobre s’est tenue au siège des Alternatifs la 3ème réunion unitaire de la gauche radicale.
Le PCF, représenté par une délégation réduite, avait produit, comme il s’y était engagé, une contribution censée constituer le support d’un débat stratégique incluant le 1er et le second tour des élections régionales.
Ce texte n’avait en réalité que fort peu de contenu politique, se contentant de poser en préalable la nécessité de s’inscrire dans une «ambition majoritaire» et donc de prendre l’engagement de tout faire pour constituer au second tour des «majorités solidement ancrées à gauche». Chacun comprend que pour un PCF qui a décidément deux cadres de négociation pour les prochaines échéances électorales, imposer de telle formules sans qu’elles soient assorties du moindre contenu programmatique revient à tenter de n’en rompre aucun, et d’exclure le NPA du cadre unitaire qu’il a lui-même initié. En effet, parler de vocation majoritaire sans aborder le programme laisse toutes les possibilités ouvertes, y compris un programme rendu socialo-compatible pour être bien sûr que l’accord se fasse, aux conditions du PS … Au total, le PCF a tenté de faire passer sur une base écrite l’objectif tactique qu’il se fixe de réunion en réunion: isoler le NPA en convainquant les autres forces présentes de s’inscrire dans un cadre politique inacceptable par le NPA.
Ces manœuvres se révèlent pourtant à courte vue dans la mesure où elles font l’impasse sur un élément auquel l’ensemble des organisations partie prenante, hormis le PCF, sont attachées: le préalable indispensable pour proposer ensemble une alternative crédible au social-libéralisme, c’est un accord national pour des listes autonomes et indépendantes du PS dans les 21 régions métropolitaines. Ce n’est évidemment pas un cadre dans lequel le PCF est en mesure de s’inscrire: si on ignore encore le nombre exact de régions dans lesquelles il sera dès le premier tour en alliance avec le PS et la manière dont il formulera, au terme de son Conseil national, son «offre politique nationale», nul doute qu’il adoptera dans les faits une stratégie à géométrie variable. Son choix à l’heure qu’il est n’est pas de rompre avec la stratégie adoptée en 2004, consistant à cogérer une majorité de régions avec le PS, et donc à assumer sa part du bilan du mandat qui s’achève en mars 2010.
De nombreuses organisations se sont vigoureusement prononcées pour que l’on puisse acter ensemble le principe d’un accord national comme préalable à la poursuite de la discussion, notamment le PG, les Alternatifs, la Fédération et bien sûr le NPA. Soucieux de respecter les rythmes de son partenaire du Front de gauche, le PG a souhaité qu’on attende pour cela le CN du PCF. C’est donc à la prochaine réunion, fixée le 28 octobre, que la question devrait être tranchée. Pourtant, les représentants du PCF ont d’ores et déjà indiqué que leur offre nationale, quelle qu’en soit la nature, ne les engagerait dans les faits qu’une fois validée dans les régions, soit à la fin du mois de novembre … Pas sûr qu’on puisse «respecter les rythmes» jusqu’à cette échéance bien tardive. Il est bon en tous les cas que se multiplient aussi les discussions au niveau régional. Elles sont évidemment de nature différente selon le cadre local, notamment si un accord PCF-PS est déjà bouclé ou en passe de l’être, comme en Bretagne ou en Basse Normandie …
Autre question abordée, celle des exécutifs régionaux. Le NPA a réaffirmé sa position notamment par le biais de sa propre contribution au débat: pas question de cogérer les régions avec le PS tel qu’il est, dans le cadre des rapports de force tels qu’ils sont. Mais il a également tenu la même ligne de conduite qu’aux précédentes réunions: on ne discute pas d’abord du 3ème tour mais du programme de rupture que nous voulons pouvoir proposer et mettre en oeuvre, et c’est du débat sur cette question que découle l’incompatibilité programmatique avec les socio-libéraux. Si les autres forces attachées à un cadre national indépendant au premier tour ne partagent pas notre position sur le sujet, nous souhaitons les convaincre que les conditions qu’elles-mêmes posent pour une participation aux exécutifs ne sont pas aujourd’hui réunies.
Ingrid Hayes