On ne s’attendait à rien avec le « nouveau » gouvernement Bayrou, mais quand même… Voir autant de plats défraîchis des précédents gouvernements finit par faire sens.
La série est ininterrompue de vieux politiciens et d’ancienNEs ministres uséEs par les affaires judiciaires et par les politiques antisociales brutales qu’ils ont imposées. Parmi les plus détestéEs, Élisabeth Borne, ex-Première ministre, spécialiste du 49.3, notamment pour faire passer la réforme des retraites ; Retailleau, issu de l’extrême droite, qui s’est déjà clairement prononcé pour un durcissement de la répression contre les migrantEs, vient de s’illustrer par son islamophobie. Dans un entretien au Parisien du 6 janvier, il qualifie le foulard des mères qui accompagnent les sorties scolaires sur leur temps libre « d’étendard pour l’islamisme ». À vomir. Puis, Darmanin, accusé de viol, tristement célèbre pour ses propositions de lois liberticides et islamophobes, ou encore Valls (le « traître » toutes catégories confondues), Dati, Rebsamen…
Sous la pression des affaires
Un « nouveau » gouvernement aux vieilles pratiques corrompues dans lequel il est difficile de trouver un ministre qui n’a pas eu affaire à la justice, actuellement en procès ou sous enquête. La plupart du temps pour des détournements d’argent public ou pour des conflits d’intérêts, à l’image des affaires de Rebsamen à Dijon, de Bayrou et ses assistants parlementaires, de Dati poursuivie par le Parquet national financier pour « recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance », mais également Agnès Pannier-Runacher, Éric Lombard, Marc Ferraci, etc.
Sous la pression de l’extrême droite
Bayrou s’est illustré ces dernières années dans sa défense de l’extrême droite. Sa porosité à certaines de ses idées l’a conduit à faire valoir la réhabilitation du RN dans le champ des partis dits « républicains ». Il avait notamment soutenu Marine Le Pen contre les réquisitions du parquet et expliquait que l’application de la peine d’inéligibilité provisoire « serait un problème ». Y voir un lien avec ses démêlés judiciaires actuels serait fortuit… Macron a une nouvelle fois nommé un Premier ministre compatible avec les volontés et les intérêts du RN.
Un « nouveau » gouvernement aux vieilles idées rances où la quasi-intégralité des ministres se sont illustrés contre les droits des LGBTI : soit en se positionnant contre l’interdiction des thérapies de conversion ou l’inscription de l’IVG dans la Constitution comme Retailleau, soit en étant des figures de la Manif pour tous comme Catherine Vautrin, soit en soutenant ouvertement les politiques transphobes, comme Aurore Bergé ou Astrid Panosyan-Bouvet, ou en s’opposant aux lois interdisant la torture sur les personnes LGBTI, comme Rachida Dati…
Un gouvernement de combat
Sans surprise, ce gouvernement est « en même temps » de droite et de droite. Il est clair qu’il n’y a rien à en attendre, sinon de nouvelles attaques contre les services publics, la protection sociale, les droits des migrantEs, les droits des femmes et des LGBTI. Et cela d’autant plus qu’il ne peut espérer faire passer une réforme sans l’appui du RN, donc sur le terrain raciste et ultralibéral.
Pour 2025, construire le mouvement social, changer le monde !
Jean-Marie Le Pen est mort, mais pas ses idées. Face au danger de l’extrême droite, aux attaques à venir du gouvernement Bayrou, nous devons construire l’unité de notre camp social, pour redonner espoir, reprendre la main pour imposer d’autres choix : pour les services publics, pour nos retraites et l’assurance chômage, pour reprendre les profits indécents qui ont explosé ces dernières années, pour ouvrir les frontières, accueillir touTEs les migrantEs chasséEs par les guerres et la misère, pour les droits des femmes et des personnes LGBTI…
C’est d’autant plus urgent qu’une vague de plusieurs centaines de milliers de suppressions d’emplois est en cours, que les guerres s’étendent à travers le monde en Palestine, en Ukraine, sur le continent africain, que le dérèglement climatique provoque des catastrophes humanitaires touchant en premier lieu les plus pauvres comme à Mayotte.
Il y a urgence à changer le monde : souhaitons-nous une année 2025 pleine de luttes, de mobilisations, de solidarité, et de victoires sociales et politiques contre Macron, son gouvernement, les riches et le patronat qu’ils servent !
Manon Boltansky