Publié le Mercredi 29 octobre 2025 à 09h00.

Budget : de l’argent magique pour l’armée et les marchands de canons

De l’argent qui tombe du ciel par centaines de millions d’euros, sans discussion ou presque. Pas de polémique, pas de négociations secrètes ou de bataille dantesque à coups de milliers d’amendements, et pas besoin de 49.3.

Angle mort de la discussion budgétaire, le budget des armées est régi par une loi de programmation militaire, taillée sur mesure pour satisfaire l’orgueil des galonnéEs et les profits des industriels.

De 2019 à 2025, le budget des armées s’élevait à 295 milliards d’euros ; il est passé à 413 milliards pour 2024-2030. Le projet de budget présenté par Lecornu prévoit une rallonge de 3,5 milliards d’euros, soit 6,7 milliards d’euros supplémentaires pour 2026 !

Des chiffres qui donnent vite le tournis, avec des « efforts prioritaires » de 2,4 milliards d’euros pour les munitions, 600 millions pour les drones et les robots, et encore des centaines de millions pour le « cyber », l’IA, l’espace, etc. Alors même que la technopolice et l’armement assèchent déjà le budget de la recherche.

Le chef d’état-major de l’armée de terre assure le service après-vente de ce budget démentiel, avec des propos alarmistes sur la guerre qui se rapproche, la menace russe et une petite couche sur le terrorisme islamiste pour parfaire le tableau.

On se souvient des déclarations ridiculement martiales de Macron le 14 Juillet : « Pour être libre dans ce monde, il faut être craint. Pour être craint, il faut être puissant. » Déjà, le chef d’état-major des armées, plus haut gradé de l’armée française, avait pris le temps d’expliquer que « le Kremlin a fait de la France une de ses cibles prioritaires ».

Cette caste d’officiers supérieurs, fière d’elle-même et consciente de ses intérêts, qui se sait indispensable au maintien de l’ordre capitaliste, se permet de faire pression sans complexe sur le pouvoir politique. En 2017, en désaccord avec le budget militaire, le chef d’état-major de l’époque, Pierre de Villiers, frère de l’autre, avait théâtralement claqué la porte et démissionné de son poste.

Loin de l’unanimisme de la classe politique, nous le disons sans détour : la société émancipée de toutes oppressions, que nous travaillons modestement à faire advenir, se fera sans cette caste et sans le complexe militaro-industriel qui va avec.