Publié le Mercredi 12 mars 2025 à 09h00.

Chair à patrons, chair à canons !

«Je roule en Cadillac dans les rues de Paris / Depuis que j’ai compris la vie. […] Je vends des canons, des courts et des longs […] Canons à vendre ! », chantait Boris Vian qui faisait terminer son riche marchand en guenilles dans un tas de ruines. Mais voilà, pour le moment, certains fanfaronnent et se frottent les mains de leur « petit commerce » (le titre de la chanson). 

Le commerce de la mort engagé par l’Europe, sous la pression de l’axe Trump-Poutine, a pour première conséquence de faire passer toutes les questions sociales — déjà considérées comme des entraves à la bonne marche des profits — comme secondaires. Ainsi le président du COR (Conseil d’orientation des retraites), Gilbert Cette, économiste proche de Macron, a déclaré le 5 mars dans une tribune que « l’entrée progressive, plus ou moins explicite, dans une économie de guerre, rendra secondaires sinon dérisoires les débats actuels sur l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. » La lucidité du propos n’enlève rien à son cynisme ! Pourquoi parler âge de la retraite quand la mort guette ? Mais surtout, pourquoi chercher à négocier face à l’économie de guerre toute-puissante ? Puisqu’on le dit depuis des années aux salariéEs qu’il faut travailler plus…

Hier, il fallait résorber la dette ; aujourd’hui, il faut financer la guerre à venir, celle qui menace. N’avez-vous pas compris la vie ? L’union sacrée, c’est aussi travailler plus (voir l’article de Une ci-contre) ! D’ailleurs, le président de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) vient en quelques heures de se faire un nom en proposant de travailler plus — 36 heures par semaine — pour financer la retraite par capitalisation… en jetant aux orties le système par répartition pourtant plus juste et bien moins cher.

Les discours va-t’en guerre ne doivent pas nous faire oublier ni nos intérêts de classe ni nos droits : celui de vivre, de vivre dignement, de se soigner, de se loger, de s’instruire… Et au patriotisme qui sert de couverture aux marchands d’armes et d’étendard à toutes les extrêmes droites du monde, nous opposerons toujours notre internationalisme et notre soutien aux peuples opprimés et colonisés qu’ils soient en Ukraine, en Palestine ou au Sahara occidental. Ni chair à patrons ni chair à canons !