Depuis plus de dix ans, un groupe de néonazis est actif dans les pays de Savoie, en changeant de nom à chacune de ses régulières dissolutions (Œuvre française, Jeunesses nationalistes, EdelweiSS, Bastion social, etc.).
Depuis une dizaine d’années, ce groupe s’est rendu coupable de nombreuses exactions à Chambéry : agressions souvent très violentes de militantEs et de personnes racisées, attaques répétées contre les locaux ou les réunions des partis de gauche, incendie de la maison des syndicats pendant le mouvement contre la casse des retraites, etc.
Une montée en puissance
Encouragés par le laisser-faire des autorités, les néonazis savoyards ont récemment accru la pression. En mai dernier, ils ont organisé une manifestation insurrectionnelle à Annecy, au lendemain d’une attaque au couteau menée par un réfugié franco-syrien. Le mois suivant, ils ont déployé leur milice pour prêter main forte à la police dans la répression des émeutes qui ont suivi l’assassinat de Nahel. Depuis lors, ils se sont attachés à rester sur le pavé, en organisant régulièrement des défilés paramilitaires dans le centre de Chambéry.
Le 6 février dernier, les néonazis ont dédié l’un de leurs défilés à la mémoire des émeutes néofascistes du 6 février 1934, mais aussi au souvenir de l’écrivain antisémite et pronazi Robert Brasillach, fusillé le 6 février 1945, qui a été célébré comme un « martyr de la liberté ». Afin de dénoncer ce révisionnisme historique et cette apologie de crimes contre l’humanité, le Collectif savoyard contre la répression et la discrimination (CGT, FSU, LDH, FI, NPA, etc.) a aussitôt organisé un rassemblement. Il a été suivi d’une intervention au conseil municipal, afin d’interroger Thierry Repentin, maire macroniste de Chambéry, sur son absence de réaction et l’impunité que les autorités semblent accorder à cette apologie des collaborateurs de l’État pétainiste.
Attaque sur l’Université
Dans la nuit du 24 au 25 mars, les néonazis savoyards ont voulu avoir le dernier mot, en ciblant cette fois-ci l’université de Chambéry. Neuf bâtiments universitaires ont été recouverts de slogans à la gloire du régime de Vichy, ainsi que de croix celtiques et de gammas de sa milice. Les nazis ont aussi collé sur le site d’anciennes affiches du régime de Vichy : l’une à la gloire du maréchal Pétain, déjà rééditée par l’association qui célèbre sa mémoire ; l’autre qui reprenait une affiche de la milice et de son chef, Joseph Darnand. Cette opération était destinée à intimider les milieux militants présents à l’université, mais aussi à banaliser le souvenir du nazisme, afin de permettre à l’histoire de mieux pouvoir bégayer.
Dans une région où la mémoire des horreurs commises par la milice reste très présente, cette glorification de Pétain et de Darnand a suscité une large indignation. À l’initiative du comité de mobilisation des étudiantEs, une manifestation a eu lieu sur un des sites de l’université de Savoie, Jacob, qui doit constituer la première étape d’un nécessaire réarmement de la vigilance antifasciste, en Savoie comme ailleurs.
CorrespondantEs