Publié le Vendredi 8 mars 2013 à 13h16.

Chômage et récession : Hollande persiste et signe

Malgré un contexte économique défavorable, pas question pour le gouvernement de changer les grands axes de sa politique. La crise s'approfondit, l'austérité et la rigueur aussi…La croissance française s’effondre : croissance zéro en 2012, prévision de 0,1 % en 2013 avec en arrière-plan une croissance négative dans la zone Euro... Du côté de l’emploi, le taux de chômage de la zone Euro s’est établi à 11,9 % en janvier 2013. En France, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi (sans aucune activité) s’établit à 3 169 300 fin janvier 2013 (+ 10,7 % par rapport à janvier 2012). Le nombre de chômeurs de longue durée augmente de 13,9 %. Moins de la moitié des chômeurs (48,7 %) sont indemnisés. Quant aux offres d’emploi collectées par Pôle emploi, elles s’effondrent : - 19,7 % par rapport à janvier 2012. Les embauches en CDI reculent, par contre les CDD courts progressent. L’objectif d’un retour du déficit à 3 % a dû être abandonné. Et pourtant, Hollande et Ayrault continuent la même politique. Ils lancent même une campagne de publicité : plusieurs centaines de spots et d'encarts vont être achetés pour vanter les mesures phares du gouvernement (coût : 6 millions et demi d’euros) et Ayrault poste une vidéo sur Dailymotion…Et ça continue encore et encore…Tout d’abord, le respect du traité budgétaire européen : on comprime les dépenses publiques indépendamment de leur utilité. Hollande a renoncé à une réforme claire, juste et globale de la fiscalité. Le gouvernement a additionné les mesures partielles dans lesquelles les gens ne se retrouvent plus, d’où le mécontentement exploité par la droite. Les impôts sur les entreprises ont été dans un premier temps augmentés, puis, après le rapport Gallois, le gouvernement a décidé de leur attribuer 20 milliards d’euros. Du côté des ménages, les hausses de la TVA sont de retour. Et elles vont même probablement s’amplifier. Sans parler des prélèvements supplémentaires sur les retraites qui vont subir une nouvelle réforme.Le deuxième axe de la politique de Hollande, c’est le nouveau « compromis social », pour reprendre son vocabulaire avec comme objectif affirmé une inversion de la courbe du chômage d’ici la fin 2013. Contrats aidés et allègements des cotisations employeurs continuent de prospérer. Par ailleurs, le nouveau président a incité patronat et syndicats à négocier un accord national interprofessionnel sur « la modernisation du marché du travail » destiné à devenir une loi. Il faut replacer cet accord dans le contexte européen. Au-delà des précautions de langage et des contreparties en carton-pâte, il s’inscrit pour l’essentiel dans la logique de mesures prônées par la « Troïka » : limiter l’importance des accords collectifs de branche, remettre en cause la hiérarchie des normes (un accord d’entreprise ne pouvait qu’améliorer un accord de branche) et accentuer la dépendance du salarié isolé face à son employeur.Très rapidement, Montebourg a démontré qu’il n’était là que pour amuser la galerie. Quant aux salaires, le gouvernement Ayrault s’inscrit dans la continuité de Fillon avec le maintien du blocage du point d’indice de la fonction publique et un « coup de pouce » dérisoire du SMIC.Il n'y a pas de moindre malHollande applique donc avec des nuances secondaires la même politique que les autres gouvernements européens. Il reprend ce qu’Ernest Mandel appelait le « sempiternel refrain du moindre mal » : « si nous ne gérons pas la crise, elle sera gérée par la réaction et l’austérité sera bien plus dure. D’ailleurs, si nous ne permettons pas au capitalisme de sortir de la crise grâce à l’austérité, le chômage provoquera un retour au pouvoir de l’extrême droite, voire la catastrophe absolue ». En d’autres termes : « Souffrez qu’on vous coupe trois doigts, de peur que vous ne perdiez toute la main ! » (« Le mouvement ouvrier devant la crise », 1982).Pourtant, les politiques menées aujourd’hui par les gouvernements « socialistes » ne se différencient guère de celles des dirigeants de droite et ont les mêmes effets catastrophiques. On pourrait se demander pourquoi tous les gouvernements européens persistent. La réponse est simple : il s’agit de soutenir les profits d’un capitalisme de plus en plus mondialisé, qui ne lâchera rien sans y être contraint par une mobilisation à la hauteur de l’enjeu.Henri Wilno