Lors du débat organisé le week-end dernier à la fête de l’Humanité, le Collectif « Marche du 12 avril » s’est présenté sous son nouveau nom : Collectif pour une « Alternative À l’Austérité » (3A). Un nouveau nom répondant à la volonté de participer à la construction de la mobilisation contre ce qui constitue le cœur de la politique gouvernementale.
Le collectif regroupe dans une construction originale plusieurs dizaines de structures associatives, syndicales, politiques et des personnalités depuis le premier trimestre 2014. C’est la politique de régression sociale mise en œuvre par Hollande et ses gouvernements successifs et le monopole des manifestations de rue par la droite et l’extrême droite qui ont poussé ces structures, ces militantEs à crier : « Maintenant ça suffit ! Marchons contre l’austérité pour l’égalité, et le partage des richesses ». Le titre de l’appel lancé fin mars par 200 personnalités politiques, syndicales, associatives, sportives, etc.
RiposterCe texte se terminait par un appel à une manifestation nationale à Paris le 12 avril dernier. Regroupant plusieurs dizaines de milliers de manifestantEs, essentiellement à Paris, avec des « répliques » à Marseille et Avignon, ces manifestations ont été perçues comme une bouffée d’oxygène bienvenue, dans une ambiance marquée par l’attentisme voire le découragement y compris au sein des équipes militantes.L’idée d’un prolongement de ces manifestations par d’autres initiatives était présente dès le départ. II restait à concrétiser cette volonté. Les résultats électoraux nous ont confortés dans l’idée et la volonté d’offrir des perspectives de mobilisation et des espaces de réflexion sur des alternatives militantes.
Mesures d’urgences et mobilisationsC’est avec ces objectifs que s’est tenue la rencontre du 21 juin à Paris. Regroupant 250 militantEs, ce fut une riche journée de rencontres et d’échanges, dans un cadre unitaire où la confrontation n’empêche pas le respect des positionnements et des démarches.Plusieurs leçons ressortent de la journée. Tout d’abord la nécessité de poursuivre et renforcer l’élargissement du collectif. Ensuite la volonté de construire un ensemble de mesures d’urgence, en associant le plus largement possible l’ensemble des composantes, mais aussi au-delà, à cette construction. Enfin la question d’initiatives militantes, de mobilisations, indispensables pour faire reculer patronat et gouvernement, éléments décisif d’une (re)prise de confiance dans nos forces et dans nos idées, dans nos projets.
S’opposer, maintenant !Si la volonté est bien présente, elle n’efface ni les problèmes ni les difficultés. Toute avancée dans les réflexions, les propositions, nécessite une validation par les organisations partie prenantes, notamment syndicales et associatives, validation qui impose de prendre le temps de la consultation pour que les décisions soient le plus démocratique possible. Mais le plus compliqué reste la proposition, la prise d’initiatives. Comment se positionner devant les initiatives syndicales, politiques ou associatives, sans sembler être dans la récupération ou le détournement ? Mais aussi, comment faire des propositions quand partis et syndicats se partagent entre hésitations et renoncement ? Le soutien aux mobilisations des cheminotEs, la dénonciation de la conférence sociale de début juillet, le choix d’une date de mobilisation en cette rentrée, autant de difficultés à prendre des initiatives pour aider à la construction du rapport de forces. Pourtant, des collectifs locaux, comme ceux de Marseille ou de Toulouse, montrent qu’il est possible de construire, dans l’unité, des ripostes concrètes. Lors des mobilisations contre les réformes des retraites en 2010, dans les Hauts-de-Seine, au Havre, à Rouen ou à Clermont-Ferrand, unité a pu rimer avec mobiliséEs.La violence des attaques patronales et gouvernementales impose de hausser les ripostes à ce niveau sous peine de laisser de nouveau le champ libre à l’extrême droite. Toutes et tous sont convaincues que « c’est dans la rue que ça se passe ! ». Reste à le prouver.
Robert Pelletier