À 15 jours de la journée de grève interprofessionnelle du 5 décembre, le climat social de plus en plus tendu ne cesse de fragiliser le gouvernement qui tente chaque jour de désamorcer les colères.
La semaine qui vient de se dérouler n’aura pas été de tout repos pour le gouvernement. Et c’est tant mieux. Il commence à payer le prix de la politique de guerre sociale qu’il mène depuis son arrivée au pouvoir. Mobilisation contre la précarité étudiante suite à l’immolation d’un jeune étudiant privé de bourse, des dizaines de milliers d’hospitalierEs dans la rue contre la casse de l’hôpital public, ainsi que les agentEs des Finances publiques pour le maintien de leur service de proximité, et pour finir le premier anniversaire des Gilets jaunes qui, même s’il rassemble moins de monde, est toujours là et très ancré sur le territoire. La semaine aura ainsi été rythmée par de nombreuses mobilisations, comme les semaines précédentes, et commence à fragiliser le gouvernement à quelques jours de l’appel à la grève reconductible, à partir du 5 décembre, par de nombreuses organisations syndicales et de très nombreux secteurs d’activité dans le privé comme dans le public.
Éteindre les mécontentements secteur par secteur
Afin que la convergence des luttes et les mouvements spontanés ne se développent pas à partir du 5 décembre, le gouvernement essaie ici où là d’éteindre l’embrasement naissant. Après la journée de grève et de manifestation historique des soignantEs, Macron a annoncé un « plan d’urgence » qui serait dévoilé le 20 novembre… Mais nous savons que cela fait des semaines que le gouvernement tente d’éteindre le feu qui couve à l’hôpital. Il multiplie les effets d’annonce, mais sans répondre à l’essentiel : le manque d’effectifs et de lits, les salaires trop bas, les heures supplémentaires non payées, la dégradation incessante des conditions de travail. Autant dire que la mobilisation n’est pas près de s’arrêter, et une nouvelle journée de grève est d’ores et déjà annoncée le 30 novembre, avant la journée interprofessionnelle du 5 décembre. Cette stratégie gouvernementale d’annonces destinées à éteindre les mécontentements a également été utilisée auprès des avocatEs, inquiets par rapport à la future réforme des retraites, ou encore avec la suspension du travail de nuit dans le commerce.
Désamorcer la contestation sur les retraites
Alors que le pouvoir avait tenté de faire croire que le 5 décembre n’était qu’un appel de la RATP et de la SNCF pour « sauvegarder leurs régimes spéciaux », de plus en plus de salariéEs du privé et du public comprennent que la réforme des retraites en cours est une réforme au terme de laquelle touTEs les salariéEs de tous les secteurs d’activité seront perdants. Face au risque de plus en plus important de convergences, le gouvernement multiplie les signaux pour désamorcer la contestation. Il a d’abord repoussé la réforme au-delà des élections municipales de mars 2020. Il a ensuite abandonné la notion d’âge pivot à 64 ans. Et désormais, il est prêt à appliquer la « clause du grand-père » consistant à n’appliquer la réforme qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail. Ce qui enverrait l’entrée en vigueur de la retraite à points en 2060… Il croit ainsi que les salariéEs d’aujourd’hui laisseraient condamner leurs enfants ! Tout cela montre que ce gouvernement n’a de cesse de vouloir nous opposer les unEs aux autres, nous diviser.
C’est le moment !
La colère est forte, elle déborde même de partout, la disponibilité pour l’exprimer n’a jamais semblé aussi importante. Le 5 décembre marquera le début du mouvement de grève reconductible à la RATP et à la SNCF et dans de nombreux secteurs pour obtenir le retrait de la réforme des retraites. Un peu partout, y compris hors du monde du travail, cette date fait sens pour enclencher une grande mobilisation pour faire enfin reculer ce gouvernement, rassembler toutes les colères. Mais nous le savons pertinemment, une seule journée de grève ne sera pas suffisante, il faudra continuer le 6 mais aussi le 7… et les jours qui suivront. Le combat contre cette réforme n’est pas un combat pour défendre quelques acquis ici ou là mais un combat de fond qui doit mettre en avant une question centrale : quelle société voulons-nous ?
Joséphine Simplon