Hollande n'a pas pris beaucoup d'engagements lors de sa campagne électorale. Mais parmi ceux-là, il y avait le droit de vote pour les étrangers aux élections locales. Il faut dire que fin 2011 un sondage disait que 61 % des FrançaisEs y étaient favorables. Jean-Marc Ayrault a relancé timidement la question la semaine dernière, la conditionnant au fait de trouver suffisamment d'éluEs de droite au Sénat et à l'Assemblée nationale pour obtenir la majorité des 3/5 susceptible de faire passer le changement constitutionnel nécessaire.Cela a suffi à faire sortir la droite de ses gonds, comme le montrent les déclarations de Christian Estrosi, député UMP, déclarations dont la base raciste ne fait aucun doute. Car c'est bien de racisme et de nationalisme qu'il s'agit quand des personnes qui vivent et travaillent dans les mêmes lieux que les Français, envoient leurs enfants dans les mêmes écoles, paient leurs impôts dans les mêmes centres, n'ont pas les mêmes droits uniquement en raison de leur nationalité. L'aspect raciste est d'autant plus présent quand on fait la différence entre étrangers venant de pays européens, qui ont le droit de vote, et étrangers extra-communautaires, l'immense majorité d'entre eux et elles étant originaires du Maghreb, d'Afrique ou d'Asie.Les reculs de la gauche ajoutés à la politique de Valls laissent un boulevard à la progression du racisme. Un sondage publié par le Journal du Dimanche explique qu'en un an la majorité a changé de camp. Désormais 56 % des sondéEs seraient opposéEs au droit de vote des étrangers. Dans une enquête Ipsos publiée par le Monde du 24 janvier, 70 % des sondéEs pensent qu'« il y a trop d'étrangers en France » tandis que 74 % disent que « la religion musulmane est incompatible avec la société française ». Cela démontre l'hypocrisie et la fausseté des arguments de journalistes et commentateurs comme Caroline Fourest et de dirigeants de gauche expliquant qu'il ne faut pas ouvrir la question du droit de vote parce que cela permettrait au racisme de gagner du terrain. C'est le contraire qui est vrai : l'égalité progresse dans la société quand une lutte est menée résolument pour la faire triompher.Contre-offensiveIl faut le dire clairement, le seuil de tolérance est dépassé : il y a trop de racistes et de racisme en France. Construire la contre-offensive ne peut plus attendre. Le combat pour le droit de vote des étrangers en est l'occasion. Il y a un an seulement, une majorité dans la société française y était favorable. Cette majorité peut se retrouver à condition de lancer le combat. La pétition (http://www.droitdevote2014.org/) doit être diffusée. Elle est soutenue par de nombreuses associations, syndicats et partis de gauche (dont le MJS). Elle est un outil qui devra se traduire en mobilisation effective pour obliger le gouvernement à déposer un projet et organiser un référendum si la majorité nécessaire n'existe pas au Sénat et à l'Assemblée.Ce combat ne sera pas une fin en soi. Cette campagne devrait être le signal d'une offensive générale pour marginaliser les racistes, en la combinant à la lutte au côté des sans-papiers, aux campagnes contre l'islamophobie et contre la progression de l'extrême droite.Denis Godard
Crédit Photo
Photothèque Rouge/MB