Après l’écrasante victoire de Fillon sur Juppé, la compétition est engagée entre la droite extrême et l’extrême droite…
L’électorat de droite s’est massivement mobilisé lors de la primaire, et une majorité a choisi Fillon dans l’idée qu’il était le mieux placé pour l’emporter sur Marine Le Pen et le Front national. La bataille qui s’était déjà engagée entre Le Pen et Sarkozy, chacunE disputant son électorat à l’autre, fait maintenant rage. Il s’agit de savoir qui sera à même de diriger le parti en train d’émerger de la droite extrême et de l’extrême droite, car on sait combien les frontières sont poreuses entre l’une et l’autre.
La candidate du Front national aurait espéré avoir en face d’elle Hollande et Sarkozy, des représentants du « système UMPS » qu’elle n’a pas cessé de dénoncer. Mais qu’à cela ne tienne, Fillon et Valls, dit Marine Le Pen, sont les « doublures » de Sarkozy et de Hollande, car chacun a été Premier ministre de l’autre. Elle ne manquera pas de « rappeler aux Français » quelle fut leur « responsabilité intégrale » dans les politiques menées par des gouvernements dont ils ont été les Premiers ministres.
Marine Le Pen a déjà annoncé la couleur : elle n’hésitera pas – quitte à mécontenter une partie du FN comme sa nièce et le député Collard – à fustiger le caractère antisocial du programme de Fillon. « On va se retrouver véritablement projet contre projet, et c’est sain. Il y a le projet patriote de Marine Le Pen […] et il y aura le projet de M. Fillon, avec la suppression de la sécurité sociale, avec la suppression de la durée légale du travail, avec la dérégulation totale ».
L’imposture Le Pen
Un discours qui vise à duper les couches populaires désorientées par les politiques pourries menées par les gouvernements de gauche, lesquels ont dans les faits effacé le clivage gauche-droite. Mais le Front national veut remplacer celui-ci par un clivage qui est un piège pour les travailleurEs : « Je ne crois pas à cette fracture gauche droite, dit-elle. Il y a, d’un côté les nationaux et les patriotes, de l’autre côté, les mondialistes, les européistes et donc, par définition, les immigrationnistes.» Autrement-dit, tout le problème vient d’ailleurs, de l’étrangerE, de l’Europe quand il s’agit de désigner la responsabilité d’autorités, et des immigréEs, de nos voisins, des travailleurEs comme nous que le Front national montre du doigt. Le poison mortel du racisme, de la division et de la haine, largement distillé par l’action de tous les gouvernements.
La candidate du Front national essaie de se faire passer pour anti-système, elle qui non seulement est la riche héritière d’une fortune industrielle mais à qui les gouvernements précédents ont préparé le terrain par leur politique sécuritaire et anti-immigréEs. Elle aussi n’aspire qu’à gouverner au service du grand patronat et de la finance.
Fillon, Le Pen, les deux se veulent les champions de l’accentuation de l’offensive contre les droits sociaux et démocratiques de toute la population. Face à eux, il n’y a pas de sauveur : nous ne pouvons compter que sur notre lucidité, notre conscience et notre action pour préparer les combats futurs en rupture avec les institutions et la propriété privée capitaliste.
Galia Trépère