Les dirigeants d’Europe Écologie-Les Verts vantent une « candidature commune » permettant de « dépasser les egos et les appareils politiques pour privilégier le projet de société et la dynamique collective »...
Jean-Luc Mélenchon sera candidat sans aucune discussion unitaire, pas plus avec Hamon ou Jadot qu’avec ses anciens partenaires du Front de gauche d’ailleurs. Ne reste plus que le retrait possible de la candidature de Yannick Jadot au profit de celle de Benoît Hamon, avec un accord entre le PS et EÉLV.
Jamais sans le PS (ou si brièvement !)
La victoire de Hamon a suscité une aspiration unitaire, sincère mais illusoire, chez de nombreux militantEs du mouvement social. Au sein d’EÉLV, elle repose l’éternelle question de l’alliance avec le PS. En juin 2016, le mandat donné à la direction d’EÉLV pour les échéances électorales de 2017 étaient pourtant relativement précis : « un projet écologiste clairement défini porté par une candidature émanant d’EÉLV ou de la société civile », excluant « tout accord même technique avec l’appareil du PS ».
Valls et sa politique avaient amené EÉLV à quitter le gouvernement... mais pas au point de faire le deuil d’une stratégie intrinsèquement liée à la social-démocratie. David Cormand, le secrétaire national a salué la victoire de Hamon en déclarant : « Cette victoire, c’est un peu notre victoire par procuration »... Le gouvernement Valls est donc devenu une désagréable parenthèse qu’il convient de refermer avec empressement et soulagement.
Les 17 077 votantEs à la primaire écologistes ont donc été consultés ces derniers jours sur la « recherche de convergences et de rassemblement ». Les 60 % de participantEs ont approuvé la démarche à près de 90 %. Ils et elles doivent être à nouveau interrogés sur le résultat des négociations.
Avec des « si »...
« Si Benoît Hamon est prêt à se détacher de la vieille garde PS et à s’engager avec nous sur un projet de société alternatif, il ne faut pas hésiter », dit aujourd’hui Noël Mamère (interview à Reporterre le 20 février) qui voit en Hamon « dans la gauche “mainstream”, un vrai partenaire décidé à rompre avec les vieux schémas de la gauche productiviste », ajoutant quand même un peu méfiant : « C’est en tout cas ce qu’il a dit... »
Certes, Hamon parle de suspendre la déclaration d’utilité publique pour Notre-Dame-des-Landes, d’interdire « tous les pesticides dangereux », de réduire la part du nucléaire... C’est d’abord le signe, positif, que ces exigences sont devenues incontournables. Mais dans la bouche de Hamon, ce sont avant tout des paroles de campagnes.
Abandonner le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes et les autres grands projets inutiles imposés, c’est nécessairement affronter Vinci et les autres grands groupes du BTP, mais aussi les élus PS qui les soutiennent. Interdire les produits dangereux, c’est mettre au pas l’industrie chimique. La sortie « progressive » et « définitive » du nucléaire (la position défendue par EÉLV), c’est exproprier et mettre sous le contrôle des salariéEs et des populations les groupes de l’énergie pour imposer l’abandon de l’EPR à Flamanville, du projet Cigéo à Bure et l’arrêt des centrales...
Une gauche de rupture avec le productivisme ne peut être qu’une gauche de rupture avec le capitalisme. C’est ce projet écosocialiste et l’outil pour le porter qu’il faut construire, et pas une énième union de la gauche...
Christine Poupin