« Il n’y a pas eu de comportements déviants de la part des policiers. » Ainsi s’est exprimée la patronne de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) Brigitte Jullien, le 16 mai, jour de son audition par une commission d’enquête de l’Assemblée nationale, en évoquant le cas des 152 lycéenEs de Mantes-la-Jolie, victimes de violences et d’humiliations policières le 6 décembre dernier. Au moins, les choses sont claires : pour la première responsable de l’organisme chargé d’enquêter sur les mauvais comportements des forces de police, forcer des lycéenEs à rester à genoux pendant des heures, mains attachées ou sur la tête, les mettre ensuite en garde à vue, les insulter, les menacer… ne constitue pas un « comportement déviant ».
Si la situation n’était pas aussi grave, on aurait presque envie de dire que nous partageons le point de vue de la cheffe de l’IGPN : il ne s’agit effectivement pas d’une « déviation », dans la mesure où les pratiques policières violentes et humiliantes sont depuis longtemps la norme dans les quartiers populaires et, de plus en plus, comme les derniers mois l’ont montré, contre les mobilisations sociales. Les forces de répression, toujours plus violentes, jouissent d’une telle impunité qu’elles se sentent libres de faire tout ce que bon leur semble, convaincues – à raison – que, même si elles vont « trop loin », elles seront couvertes par leur hiérarchie.
La colère des familles de Mantes-la-Jolie est légitime, de même que celle de toutes celles et ceux qui, victimes de violences policières au cours des derniers mois, ont effectué des signalements et/ou déposé des plaintes, restées sans aucun effet. Et lorsque l’on observe la vitesse à laquelle la machine judiciaire condamne, à la chaine, les personnes interpellées dans les manifestations des Gilets jaunes, les déclarations de Castaner, Nuñez et consorts, qui expliquent l’absence de sanctions contre les flics par le nécessaire « temps d’enquête », n’en sont que plus révoltantes.
Les poursuites et les condamnations contre les manifestantEs, les militantEs, les syndicalistes, se multiplient, confirmant que la répression du mouvement social, et de la contestation sociale en général, fait partie intégrante de la gouvernance Macron. Face à ce rouleau compresseur, il ne faut pas tergiverser : la solidarité avec les victimes de la répression policière et judiciaire est une des urgences de l’heure, et doit faire partie intégrante de l’ensemble de nos mobilisations !
Julien Salingue