Le conseil fédéral d'EÉLV a rejeté, samedi, le traité budgétaire européen, recommandant aux parlementaires de voter contre. Le zélé Daniel Cohn‑Bendit, fervent partisan de l’Europe de l'austérité, a aussitôt qualifié ce choix de « dramatiquement nul » pour annoncer qu'il « mettait sa participation » au mouvement écologiste « entre parenthèses provisoirement » en raison de son « incohérence totale ». Dans la foulée, la droite dénonçait « la cacophonie » gouvernementale.
Cécile Duflot, avant même le vote du conseil fédéral, avait déclaré à Paris Match : « je ne démissionnerai ni du gouvernement ni d'EÉLV ». « Tant que je suis utile à mon travail de ministre, utile à cette majorité et tant que le travail que mène le gouvernement de Jean-Marc Ayrault est bon pour notre pays, alors ma place est au sein de ce gouvernement », a-t-elle renchéri, lundi, sur France 2. Elle avait auparavant reçu le soutien de Matignon : « la question de la participation » des ministres écologistes, Cécile Duflot et Pascal Canfin, « ne se pose pas ». Les deux ministres « font pleinement honneur au gouvernement » !Difficile de dire, dans cette farce politique, qui est le plus ridicule. Mais, derrière la farce, c'est bien une crise politique qui mûrit à l'approche du vote du pacte budgétaire puis du vote du budget. Dans tout le pays, face à l'austérité et à ses conséquences, face aux plans de licenciements, à la montée du chômage et de la précarité, face à un gouvernement qui se plie à la volonté des financiers et du patronat, le mécontentement monte de partout, s'accumule. L'attentisme domine encore, mais la révolte pourrait bien exploser.Certes, le gouvernement pourra imposer la règle d'or de l'austérité, mais avec l'appui de l'UMP, et il lui sera de plus en plus difficile d'imposer sa politique aux partis qui le soutiennent au gouvernement ou hors du gouvernement comme le Front de Gauche. Il sera de plus en plus difficile aux directions des grandes confédérations syndicales de continuer à se prêter au jeu de la concertation sociale.Les travailleurs n'ont pas à craindre cette crise politique. Ce gouvernement se dit de gauche mais il n'est pas le leur, il est celui des classes dominantes. La défense de leurs propres intérêts implique de s'engager dans une opposition résolue et sans ambiguïté à sa politique.
EditoYvan Lemaitre