Cinq jours après sa rencontre avec Hollande à l’Élysée, Marine Le Pen s’est félicitée : « le gouvernement se heurte au mur de la réalité et reprend une partie des mesures de bon sens que le Front national expose depuis de nombreuses années, mais comme il n’a pas de vision claire du combat qu’il doit mener, il va rendre ces mesures inefficaces »...
Elle explique : « J’ai trouvé qu’il restait dans un aveuglement idéologique très dangereux, face à un certain nombre de domaines comme la nécessité des frontières pérennes et les énormes flux de migrants au sein desquels se sont infiltrés des terroristes. » Elle se félicite du rapprochement avec la Russie pour dénoncer le temps perdu : « le grand problème de nos dirigeants politiques, qu’ils s’appellent Nicolas Sarkozy ou François Hollande, est qu’ils savent trop tard, comprennent trop tard et agissent trop tard. »« Ce qui a toujours manqué, ce ne sont pas les lois mais la volonté politique de les mettre en œuvre. » Et de fustiger la politique pénale« effroyablement laxiste » de Christiane Taubira et l’insuffisance de la lutte contre un fondamentalisme islamiste qui « pullule en toute impunité depuis plus de dix ans ». Campagne électorale oblige, elle accuse aussi Sarkozy d’avoir fait de l’UOIF (Union des organisations islamistes de France) « l’interlocuteur privilégié de l’État.[...]Cette structure a des relations, pour le moins, complaisantes avec le fondamentalisme islamiste. Le salafisme, les Frères musulmans, le wahhabisme se sont répandus sur notre territoire, parfois même financés par nos collectivités locales ou territoriales. »Et dans la foulée, elle demande un rétablissement définitif des contrôles aux frontières pour partir en guerre contre les migrants. « Un certain nombre de terroristes se seraient glissés parmi les migrants », prétend-elle pour dénoncer la « dissémination de ces migrants dans les villages et les villes de France ».
Attiser les haines
Mercredi 18 novembre, à la fin de l’assaut du Raid et de la BRI à Saint-Denis, elle a même tenu une conférence de presse… à Milipol, le Salon mondial de la sécurité intérieure des États, qui se tient tous les deux ans au Parc des expositions de Villepinte. C’est là que les militaires et les polices du monde entier viennent jauger les dernières innovations !La politique du FN consiste à agir en complément de la politique des fondamentalistes religieux dont les attentats voudraient dresser les populations musulmanes contre le reste de la population. Marine Le Pen pratique la politique du pire : les migrants, c’est le terrorisme ! Cette propagande nauséabonde, haineuse voudrait détourner à son profit le désarroi de la population, en flattant la peur pour cultiver le racisme et la xénophobie. Symétrique à celle des fondamentalistes religieux, la politique du FN lui répond au même niveau. La voie la plus sûre pour accentuer les tensions et alimenter les haines dont les deux font leur fonds de commerce. Ainsi, Le Pen espère attirer les voix de la droite pour les prochaines élections régionales...La lutte contre le terrorisme de Daesh est indissociable de celle contre les surenchères sécuritaires et militaristes, pour défendre une autre politique associant le combat contre Daesh à celui contre la guerre et l’état d’urgence, pour la défense des droits démocratiques et la solidarité internationaliste.
Yvan Lemaitre