Le temps des universités d'été des différentes composantes du Front de gauche, les médias ont fait leurs choux gras du psychodrame qui a suivi la polémique entre Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent. En jeu, leurs relations avec le PS, avec en toile de fond les tractations autour des municipales... Des rivalités et polémiques qui évitent les vraies questions.
Mélenchon a déclenché la polémique par ses propos contre le gouvernement et en particulier contre Valls, accusé de « reprendre les mots les plus infâmes de l'adversaire pour dire que le problème, c'est l'immigré, alors que l'immigré, ce n'est pas le problème, le problème, c'est le financier » et qui « insulte les citoyens de confession musulmane ». Pour Mélenchon, « le premier pourvoyeur de voix pour le Front national, il est installé à l'Élysée » et « sans l'ombre d'un doute, la politique qui est menée est une politique de droite ». Il est difficile de le contester mais ces accusations entrent cependant en contradiction avec la politique du Front de gauche qui refuse de se situer dans l'opposition au gouvernement.
C'est ce que n'a pas manqué de relever Pierre Laurent dans un entretien à Libération, reprochant à Mélenchon de « confondre la colère et la radicalité nécessaire avec la provocation et l’invective », se faisant ainsi l'écho de la réprobation venant du PS. La réplique est venue le lendemain à l'occasion du meeting de clôture des universités d’été du Parti de gauche : « On ne gagne rien au rôle de tireur dans le dos » a lancé Mélenchon à l'adresse de son camarade...
Être ou ne pas être dans l'opposition
L'échange ne touche pas au débat de fond, se définir ou pas comme un parti d'opposition. Il exprime les rivalités et intérêts divergents du Parti de gauche et du PC pour les municipales. Mélenchon défend une politique indépendante au premier tour pour tenter de renforcer ses positions, alors que Pierre Laurent veut favoriser des listes d'union, soucieux de sauvegarder ses élus, quasiment tous acquis grâce au PS. Le désaccord aboutit à des ruptures lorsque le PG envisage de se présenter contre une liste d'alliance PCF-PS. Mais au final, le PC comme le PG convergent. « L'objectif doit rester de faire élire des majorités de gauche en rassemblant communistes, Front de gauche, écologistes, socialistes et forces citoyennes » affirme Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon le rejoint en demandant « des listes distinctes au premier tour et des discussions de fond au deuxième » avant de rassurer : « nous ferons des choix de gauche au premier et au deuxième tour ».
Et dans cette logique Jean-Luc Mélenchon fait du pied aux Verts en déclarant sur France 2 : « Je pense que nous pouvons dès le premier tour faire des listes avec des écologistes dans de très nombreuses villes ». Il prétend ainsi « commencer à construire cette majorité alternative que j'appelle de mes vœux »... une alternative qui participe aujourd'hui à la majorité présidentielle !
La navire n'a pas fini de tanguer sous l'effet de ses contradictions, mais la même volonté d'accéder au pouvoir dans le cadre d'une majorité de la gauche parlementaire continuera de souder l'équipage. Une politique qui tourne le dos à la seule perspective répondant aux besoins des travailleurs et de la population, des militantes et militants du FdG : construire une opposition de gauche à ce gouvernement