Jean-Marie Le Pen pète la forme : en deux semaines, il aura réussi à défrayer la chronique par deux déclarations qui ne peuvent être qualifiées que d’apologies génocidaires, l’une en invoquant « Mrg Ebola qui réglerait en quelques mois les problèmes de surpopulation en Afrique », l’autre en promettant le four crématoire à Patrick Bruel... Paroles ignobles, qui « n’étonneront » que les amnésiques. De « Durafour crématoire », aux « chambres à gaz qui ne sont qu’un détail dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale », le président d’honneur (sic) du F Haine n’a jamais cessé de revendiquer une proximité idéologique, sinon une filiation, avec le régime nazi ou celui de ses émules français. Nombre de fondateurs du parti étaient d’ailleurs issus de la collaboration. Trop jeune pour avoir connu cette heure de gloire, Le Pen devra se contenter de son passé de simple tortionnaire pendant la guerre coloniale algérienne.
Les dirigeants du FN poussent des cris d’orfraie, prétendant se démarquer d’un discours qui depuis 30 ans nourrit leur fonds de commerce. La fille de l’autocrate parle de « faute politique », son gendre d’« imbécillité » et Gilbert Collard l’invite à prendre sa retraite. Pas si sûr que ce conseil soit suivi d’effet... Comme il l’a lui-même rappelé lundi 9 juin, le fondateur du parti a reçu de nombreux messages de soutien issus des fanges les plus racistes et xénophobes de la société qui s’identifient à ce discours. Antisémitisme, racisme, nationalisme, xénophobie restent des identifiants essentiels pour le FN, et le statut de Jean-Marie Le Pen, qui n’est plus directement en responsabilité, lui permet de jouer ce rôle provocateur à moindre coût, allant jusqu’à qualifier de « formation bizarre et sans consistance » le « Rassemblement bleu Marine » initié par sa fille.
Depuis sa fondation, le Front national cherche en permanence à faire l’alchimie entre une respectabilité institutionnelle et des racines politiques ouvertement fascistes. Cette répartition des rôles a jusqu’alors fonctionné, au point de permettre à ce parti de gagner l’élection européenne. Nous devons tout faire pour que l’heure de la contre-offensive sonne enfin. Comme le montre aussi l’audience de Dieudonné et Soral, le front de l’antiracisme, de l’antisémitisme doit être, plus que jamais, une de nos priorités, sans négliger de rappeler encore et toujours que la politique du gouvernement PS-Medef en fournit le meilleur des terreaux...
Alain Pojolat