En ne signant pas l’arrêté d’expulsion vers le Liban qui aurait permis à Georges Abdallah de retrouver la liberté (cf. Tout est à nous ! n°178), Manuel Valls ne s’attendait sans doute pas au tollé qu’il allait déclencher...
Depuis une semaine, les rassemblements et manifestations se sont multipliés. Jérusalem, Ramallah, Gaza, Bethléem, la gauche palestinienne s’est mobilisée pour celui qui fut de tous les combats pour la Palestine. Des initiatives ont également été prises en Jordanie, au Maroc, en Tunisie, dans plusieurs pays européens… ainsi qu’au Brésil.En France aussi, la mobilisation se renforce : Tarbes, Bruay, Rennes, Lyon, Marseille… À Paris, le rassemblement qui se tenait à cent mètres des fenêtres du ministre de l’Intérieur a été encerclé par la police, 45 manifestants ont été embarqués et un militant du collectif pour la libération de Georges (CLGIA) a fait l’objet d’une garde à vue.Tensions diplomatiquesMais c’est au Liban que la mobilisation est la plus forte, entraînant une crise diplomatique entre la France et le Liban. Un campement permanent a été installé devant l’ambassade française, les centres culturels sont fermés, et un rassemblement s’est tenu devant le siège de la Finul, plusieurEs manifestantEs réussissant à rentrer dans l’enceinte militaire. Le maintien en détention de Georges n’est pas seulement vécu comme une injustice, mais comme un véritable affront à tous les Libanais, à l’exception bien sur des phalangistes et des ex-collabos d’Israël. Comment les Libanais victimes de deux occupations israéliennes pourraient-ils ne pas se sentir méprisés par l’attitude de la France ?Georges Abdallah fait partie de l’histoire du Liban, et est considéré comme un résistant à Israël. Tout comme Soha Bechara, détenue pendant 10 ans, torturée par les militaires israéliens et leurs mercenaires de l’ALS ; tout comme Samir Kantar détenu 30 ans dans les geôles sionistes. En se comportant comme au « bon vieux temps » du protectorat,l’État français ne peut que réveiller la conscience anti-impérialiste toujours sensible au Liban. Paoli, l’ambassadeur de France à Beyrouth, en est d’ailleurs conscient quand il demande aux autorités libanaises de s’engager à « protéger les intérêts français » au Liban.Verrouillage de l’ÉtatLundi 28 janvier se tiendra une nouvelle audience (à huis clos et en visioconférence). Celle-ci est toujours suspendue au bon vouloir du gouvernement français et de la signature de l’arrêté d’expulsion par Manuel Valls. Mais le parquet, sous autorité directe de Mme Taubira, s’est pourvu en cassation afin de verrouiller toute possibilité d'une libération rapide.Sans le développement de la mobilisation, Georges Abdallah restera en prison. Il est plus que temps que les organisations politiques à gauche du PS prennent leurs responsabilités et rejoignent, même tardivement, le combat pour libérer notre camarade.Les militants du CLGIA, du NPA et des organisations de soutien à la lutte du peuple palestinien (AFPS) prendront des initiatives allant dans ce sens dans les jours qui viennent. Rien de mieux, pour terminer sur une note d’espoir, que de citer Georges Abdallah quand il a pris connaissance de la décision négative prise à son encontre : « Quand on a bu la mer, on ne s’étrangle pas d’une goutte d’eau ».Alain Pojolat