Dimanche 24 avril, lors d'une élection législative partielle dans l'Oise, la candidate du FN talonne de quelques centaines de voix le candidat de l'UMP. Le PS avait été éliminé dès le premier tour. Cette élection se tenait à l'issue d'une semaine qui a vu plusieurs personnalités se faire rattraper par les affaires dans lesquelles elles sont compromises. La crise politique profite aujourd'hui à l'extrême droite.Mardi 19 mars, Jérôme Cahuzac, ministre socialiste chargé du budget, est forcé de démissionner, visé par une information judiciaire pour « blanchiment de fraude fiscale » et une demande d'ouverture d'une information judiciaire pour ses liens avec les laboratoires pharmaceutiques.Mercredi, l’appartement parisien de Christine Lagarde, directrice générale du FMI et ancienne ministre de l'Économie de Sarkozy, est perquisitionné dans le cadre de l’enquête pour « complicité de faux » et de « détournement de fonds publics » pour son arbitrage en faveur de Bernard Tapie. Dans cette enquête, les juges ont également perquisitionné chez l'ancien secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant.Jeudi, c'est Nicolas Sarkozy lui-même qui est mis en examen, notamment pour « abus de faiblesse » dans le cadre de l’affaire Bettencourt.Un système à mettre en examenCet enchaînement n'est dû ni à une série noire, ni à l'acharnement de « juges rouges » assoiffés de vengeance. Il révèle simplement l'extrême imbrication du pouvoir politique avec l'argent, les affaires, les grandes fortunes. Ces 1 % de la société qui contrôlent 99 % des richesses et décident pour 99 % de la population sont tellement convaincus que « tout est à eux », que certains franchissent les limites de la légalité, pour se servir afin d'augmenter leur fortune personnelle ou leur pouvoir, voire les deux. Corrompus et/ou corrupteurs, menteurs et/ou voleurs, ils suscitent le dégoût et on ne peut que se réjouir qu'ils soient démasqués par des journalistes et rattrapés par des juges qui font correctement leur métier.Mais, de droite ou de gauche, ils ne seront jamais inquiétés par la justice pour les politiques d'austérité qu'ils mettent en œuvre, hier comme aujourd'hui, comme président de la République, ministres ou responsable du FMI… C'est en toute légalité mais dans la plus complète illégitimité qu'ils imposent le remboursement d'une dette illégitime, l'injustice fiscale, la destruction des services publics, le pillage de la protection sociale et de nos salaires… et qu'ils sont directement responsables et coupables de la misère et du désespoir de millions d'hommes et de femmes.Un danger mortel en embuscadeLe coup de tonnerre de l'Oise est un avertissement. Le mal-vivre engendré par des politiques de plus en plus brutales, le rejet d'un personnel politique qui impose restrictions et sacrifices aux plus modestes et sert les puissants et les riches, quand il ne se sert pas lui même malhonnêtement, poussent les victimes de la crise dans les bras du FN. Dans l'Oise ce dimanche, une partie importante de l'électorat de gauche a voté pour le Front national.Cet avertissement doit être pris au sérieux. Une course de vitesse est engagée. La crise politique est profonde et durable. Comme dans d'autres pays européens, les partis qui ont mis et mettent en oeuvre les politiques libérales sont de plus en plus discrédités et en crise. Si rien ne vient inverser la tendance, c'est immanquablement l'extrême droite et une partie de la droite qui ne rechigne plus à s'allier avec elle, qui en tireront profit.Pour un gouvernement issu des mobilisationsOn ne peut se contenter de dénoncer le PS en attendant d’apparaître comme le recours électoral face à son échec, ni d'en appeler aux seules mobilisations alors que le mouvement social est sur la défensive et que les luttes se heurtent à de grandes difficultés. Pour être à la hauteur de l'enjeu, la réponse doit combiner le niveau politique et le niveau social, la perspective politique et les mobilisations. Les deux sont indissociables. Il n'est pas de solution sans le rapport de forces, sans l'implication active de toutes celles et ceux qui refusent de céder devant l’offensive du gouvernement et du patronat, de se plier à l’hypocrisie du dialogue social.Pour construire cette mobilisation longue, déterminée et généralisée, il faut la conviction qu'une autre politique radicalement différente de celles qui sont menées dans toute l'Europe est possible et la perspective d'un gouvernement qui s'appuie sur la mobilisation pour la mettre en œuvre. C'est la responsabilité des forces politiques de gauche qui ne participent pas au gouvernement – LO, AL, le FdG et ses différentes composantes – et de l'ensemble du mouvement social de construire cette opposition de gauche au gouvernement Hollande-Ayrault pour défendre cette alternative.Christine Poupin