À La Joliette, à Marseille, la barre de béton devant laquelle les manifestantEs passent n’a pas échappé à l’unE des photographes qui couvrent la journée du 7 mars. « On veut une retraite de sénateur, à 35 ans », est-il écrit en rouge. Un message destiné à la chambre haute qui examine actuellement la réforme des retraites au pas de charge alors que la mobilisation se poursuit, et s’amplifie.
Le Sénat s’est manifestement donné pour objectif d’examiner le plus d’articles possible et de faire mieux que les députéEs à l’Assemblée nationale, quitte à réduire le débat à des silences courtois. Après les gesticulations, le « cause toujours »… l’autre face du parlementarisme, en quelque sorte !
Sénateurs, nous voulons votre retraite !
Pourtant, l’accélération des sénateurs, scrutée comme la fumée blanche au Vatican par les éditorialistes, est aussi la preuve, s’il en était besoin, que le pouvoir est entré dans une course de vitesse avec les manifestantEs.
Le Sénat doit boucler avant le 12 mars l’examen des 20 articles, et au passage, ne fera bien sûr qu’aller vers plus de libéralisme et moins de protection sociale… Vient d’être d’ailleurs soumis par LR un « CDI seniors », exonéré de cotisations familiales.
D’ores et déjà qualifié de « contrat de dernière embauche » par les sénateurs de gauche, en référence au contrat de première embauche (CPE), ce énième cadeau aux entreprises apparaît encore trop cher à Gabriel Attal (800 millions d’euros par an), alors même que les dépenses d’indemnisation des 60-61 ans ont triplé entre 2010 et 2022, selon une récente étude de l’Unédic 1.
Bref, pour la macronie ce passage au Sénat se révèle moins simple que prévu ! Mais là n’est pas le souci. Du moins le nôtre. Que ces messieurs-dames les sénateurEs et députéEs ne perdent pas tant leur temps à discuter ! Qu’ils retirent leur projet de loi… Un point, c’est tout ! Et puisque certains semblent suggérer qu’il existerait tout de même de possibles victoires institutionnelles, en proposant des référendums ou des dissolutions, nous le redisons : c’est par la mobilisation, la grève, le blocage du pays, que l’on obtiendra satisfaction !
Le 8 mars pour les droits des femmes et jusqu’au retrait
À l’heure où ces lignes sont écrites, les chiffres des mobilisations du 7 mars dans la rue montrent qu’elles ont été au moins aussi fortes, voire plus importantes, que lors des journées de janvier et février. Dans les grandes villes, les cortèges sont toujours denses et longs : 700 000 à Paris, 245 000 à Marseille, 120 000 à Toulouse, 100 000 à Lille, 75 000 à Nantes, 53 000 à Grenoble, 50 000 à Lyon, 40 000 à Rennes, 37 000 à Clermont-Ferrand. Dans les villes moyennes et les petites villes, les défilés ont encore battu des records de fréquentation : 45 000 à Cherbourg, 30 000 au Mans et à Nice, 28 000 à Rouen, 25 000 à Toulon, 20 000 à Châteauroux et Lorient, 18 000 à Angoulême, 15 000 à Saint-Nazaire, 10 000 à Valenciennes, Auch et Lannion, 6 000 à Calais, 4 000 à Aurillac et 1 500 à Meaux ! Et la liste est encore longue.
Sans compter, les dizaines de lieux privés d’énergie, les sept raffineries desquelles plus une goutte de carburant ne sort, les routes bloquées comme à Guéret dans la Creuse ou dans plusieurs dizaines d’autres villes, et les 40 universités et écoles bloquées et les 300 lycées mobilisés également. Le nombre de grévistes, le 7 mars, est en hausse après avoir amorcé une décrue en février.
Amplifier la mobilisation
La bataille n’est pas finie, la semaine qui vient s’annonce décisive. La reconduction de la grève est désormais une stratégie collective sur laquelle il faut miser pour faire plier le gouvernement. Convaincre de se mobiliser, le rester, étendre à d’autres secteurs face l’injustice et la régression sociale de cette réforme et des politiques de Macron est la tâche des prochains jours.
Le 8 mars s’annonçait comme une journée inédite de convergence des mobilisations féministes et des luttes contre cette réforme des retraites. Les prochains jours, sans attendre, il faut amplifier, continuer, bloquer. Nous pouvons donner un coup d’accélérateur. Car après le 7, la preuve est faite que le mouvement ne s’enlise pas. Le 8 et le 9 mars doivent être l’occasion de le faire décoller, et ensuite il faudra poursuivre et ne rien lâcher. C’est nous qu’on va gagner !-