Lors de la campagne présidentielle, François Hollande disait vouloir mettre la culture au cœur de son mandat.
Au vue des premières annonces du gouvernement en la matière, nous avons toutes les raisons de nous inquiéter. Retour sur les promesses du candidat Hollande et sur les premières mesures du Président.
Le candidat Hollande a promis de sanctuariser le budget du ministère de la Culture, de développer l’offre légale sur Internet, de lancer un plan national d’éducation artistique doté d’un budget propre ou de faire de l’histoire de l’art une discipline à part entière. Il a promis d’ouvrir un grand débat sur le spectacle vivant devant donner lieu à une loi d’orientation qui fixera des objectifs, sécurisera les financements et mobilisera les partenaires. Il a également promis de conserver le statut des intermittents du spectacle et disait vouloir placer la culture « au cœur de l’engagement présidentiel ». Enfin, le candidat Hollande a affirmé vouloir opérer « la décentralisation culturelle » : « irriguer tous les territoires oubliés, les zones abandonnées de nos régions, les quartiers délaissés de nos grandes villes ». Il affichait la volonté d’en finir avec la « culture pour chacun » de Sarkozy pour en venir à la « culture pour tous », en facilitant y compris la venue en France d’artistes étrangers.
Paroles, paroles paroles...
Moins de six mois après le second tour, on ne pouvait pas s’attendre à ce que toutes les promesses aient été tenues mais les premières annonces sont une raison de plus de penser que cette politique va décevoir.
En effet, le budget de la culture représente environ 0,76 % du budget de l’état néanmoins il doit « contribuer au redressement des comptes publics ».
Le projet de loi de finances 2013 du gouvernement Hollande-Ayrault prévoit ainsi des crédits pour le ministère de la Culture de 2,43 milliards d’euros en 2013, 2,38 en 2014 et 2,35 en 2015. Soit une baisse de 4,3 % des crédits du ministère dès l’année prochaine*. Cherchez l’erreur. Quant aux budgets territoriaux, rien ne peut laisser espérer qu’ils augmentent quand l’état reporte sur eux nombre de ses responsabilités.
La cure d’austérité s’applique en priorité à des projets issus de l’ère Sarkozy : Maison de l’histoire de France (fruit d’une longue lutte victorieuse des personnels des Archives et de nombreux historiens), Musée de la photographie de Paris, Tour Médicis à Clichy-Montfermeil, report de la salle supplémentaire de la Comédie-Française, Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille, Centre des archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine.
Mais elle s’étend aussi aux budgets des musées, monuments et opéras nationaux, qui vont diminués de 20 millions d’euros, soit de 2 % au total.
Par contre, aucune indication n’at été donnée à ce jour concernant le plan d’éducation artistique et culturelle ou les moyens dont il sera doté, ni sur le renforcement des effectifs des écoles d’art et d’architecture ou sur les dépenses destinées à l’art vivant.
On expulse les Roms, on poursuit les jeunes des banlieues, mais dès lors que « l’irrigation des territoires oubliés » sera mise en œuvre, bien sûr tout va changer !
Catherine Segala
* Pour mémoire, en 2006 le budget pour la culture en France était d’un peu moins de 10 milliards d’euros : 5 milliards pris en charge par les communes, 1,3 par les départements, 0,55 par les régions et 2,9 par l’état. En 2012 Sarkozy a brouillé les lignes en mélangeant allègrement les budgets de la culture et de la communication ; résultat, 2,09 milliards d’euros alloués à la culture (patrimoine, art vivant, musées, éducation) et 4,6 milliards pour la musique, le cinéma et les médias.