Woerth disqualifié, Sarkozy et Fillon au plus bas dans les sondages, la politique sécuritaire du gouvernement critiquée dans ses propres rangs, la fragilité du pouvoir et les dissensions à droite, reflet de l’impopularité de leur politique, sont un atout pour le combat qui s’engage. « Droit dans ses bottes... pour l’instant », c’est Sarkozy à la veille du 7 septembre, selon le journal patronal La Tribune. Selon un sondage récent, 60 % des personnes interrogées ne voulaient plus d’Éric Woerth et 70 % soutenaient la journée d’action du 7 septembre. Mais Sarkozy refusait d’envisager la moindre concession autre qu’à la marge sur la réforme des retraites et il a maintenu Woerth à son poste. Sarkozy refusant de lâcher Woerth. Voire... Le 9 septembre, c’est François Fillon qui devait répondre aux questions d’Arlette Chabot avant de rejoindre Woerth dans une table ronde avec des syndicalistes. Le Premier ministre pourrait bien ainsi reprendre la main sur la conduite de la réforme... À moins que ce ne soit Xavier Bertrand, libéré de la présidence de l’UMP, ou Raymond Soubie, le conseiller de Sarkozy en affaires sociales. Toutes ces « solutions », encore à l’état d’hypothèses au moment du 7, montrent l’embarras du pouvoir, empêtré dans l’affaire Bettencourt. Avec seulement 32 % d’opinions favorables, Sarkozy a atteint le plus bas de sa cote de popularité depuis juin 2007. Difficile de savoir ce qu’il va faire et ce que sera le remaniement ministériel qu’il a annoncé avant l’été pour cet automne. Il ne le sait peut-être pas lui-même. Avant que l’affaire Woerth ne débouche sur une crise politique qui encourage le mouvement social, le plan de Sarkozy était relativement simple. Se positionner en vue de 2012 le plus à droite possible, en chassant sur les terres du Front national. Le 14 juillet, 35 députés, aujourd’hui 37, créaient la « droite populaire », sous le drapeau qu’ils reprochaient à Sarkozy d’avoir abandonné, « Nation, Patrie, République et Travail ». Un des chefs de file de ce nouveau courant, Thierry Mariani, qui s’est déjà signalé en proposant les « tests ADN », sera le rapporteur de la loi sur l’immigration dont font partie les mesures de déchéance de la nationalité. Ces députés se félicitent aujourd’hui de l’offensive sécuritaire que Sarkozy a lancée à Grenoble le 30 juillet. En même temps, Jean-Louis Borloo était encouragé à envisager une candidature de premier tour à la présidentielle, susceptible de ratisser au centre. L’annonce d’un remaniement ministériel, pour l’automne, à peu près en même temps que la remise en jeu de la présidence de l’UMP, en novembre, promettait d’ouvrir le bal des ambitions, des rivalités, des ralliements. Lequel n’a pas manqué de se produire. Mais dans des conditions sans doute un peu différentes de celles espérées par Sarkozy. Car l’offensive sécuritaire et xénophobe menée par son ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, loin de faire recette, a commencé à susciter un large mouvement d’opinion pour les droits démocratiques dont les manifestations du 4 septembre ne sont, il faut l’espérer, que le début. Et l’affaire Woerth, loin d’être enterrée pendant l’été, a ressurgi encore plus fortement à la rentrée, cristallisant toutes les raisons de fond de l’impopularité du gouvernement, sa politique en faveur exclusivement des plus riches. Mais au-delà des rivalités et des dissensions qui se manifestent à droite, il y a accord de fond sur la politique du gouvernement. Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si les critiques de la politique sécuritaire de Sarkozy restent toujours sur le terrain bien pensant de la « République » et de la « France ». Tous sont d’accord pour faire payer la crise aux travailleurs. Et c’est bien l’ensemble de cette politique que le mouvement devra contester pour gagner. Loin du dialogue social et des perspectives de négociations illusoires, en définissant au contraire ses propres objectifs, imposer les revendications qui répondent aux besoins des travailleurs et de la population. Et pour commencer, le retrait pur et simple de la réforme des retraites. Galia Trépère