Comme pouvaient le laisser prévoir les sondages donnant Marine Le Pen en tête du premier tour des élections présidentielles, la candidate locale du FN est arrivée en tête du premier tour de l’élection législative partielle dans le Doubs dimanche dernier. Le premier enjeu pour le PS est de stopper son recul électoral après la perte de 12 élections partielles sur 13. Une nouvelle perte lui coûterait celle de la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Le gouvernement et le PS tentent de profiter de l’embellie de popularité de l’exécutif, résultant de sa gestion des attentats de janvier, pour mettre fin à cette érosion. Pari difficile dans une circonscription dont l’élu PS sortant n’est autre que Pierre Moscovici, ex-ministre de l’Économie, des finances, du commerce extérieur, avant de devenir commissaire aux Affaires économiques et monétaires, à la fiscalité et l’union douanière de la Commission européenne. Une carte de visite lourde de sens dans une région où l’industrie dominante de l’automobile est durement frappée par la crise économique et les politiques sociales française et européenne en pleine connivence avec le patronat de la branche. Un ex-ministre qui ne cache pas son soutien au projet de loi Macron, qui serait pour lui « un pas substantiel (…) dans la bonne direction ». Dans ces conditions, pas très étonnant qu’une majorité très relative, avec plus de 60 % d’abstention, ait porté en tête une candidate du FN qui ne cache pas son soutien aux pires délires de Jean-Marie Le Pen sur les races ou l’islam. En face, le candidat du PS apporte un soutien sans faille à la politique gouvernementale, appelant « sans état d’âme pour que l’arsenal législatif antiterroriste soit renforcé » et pour étudier la possibilité de retirer la nationalité française à « celles et ceux qui ont quitté la France pour participer à des actes terroristes »... Soutenue localement par le NPA, la candidature du Front de gauche a obtenu près de 1 000 voix, 3,66 %, et appelle à mettre en œuvre l’impératif : « pas de députée frontiste supplémentaire à l’Assemblée nationale le 8 février. » Lutte ouvrière a recueilli 400 voix (le double du score de 2012, avec 40 % d’abstention), 1,57 %, et affirme qu’« il faut rejeter le Front national, qui sème le poison de la division entre les travailleurs ». Dans le même sens, nous réaffirmons que c’est pour une large mesure la politique du PS qui nourrit le FN, mais que pas une voix ne doit aller à un parti qui porte le pire, le racisme et la régression sociale. C’est par une mobilisation de l’ensemble du monde du travail, capable de faire reculer le patronat et le gouvernement, qu’on pourra stopper l’engrenage infernal de la misère et des divisions au sein de la population.
Robert Pelletier