Publié le Mercredi 8 février 2023 à 13h00.

Le 11 février dans la rue ! Grèves, blocages, jusqu’au retrait total !

S’ouvrait ce lundi 6 février à l’Assemblée nationale le débat sur la réforme des retraites dans une ambiance tendue, alors que de nombreusEs salariéEs étaient en grève et dans la rue le 7 février.

Après avoir déclaré que l’âge de 64 ans n’était pas négociable et perdu l’appui de nombre de députéEs LR, pourtant indispensable, la Première ministre a semblé affaiblie. Sans majorité réelle, elle a dû concéder un élargissement du dispositif des « carrières longues » à celles et ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans.

Illégitime

La belle affaire ! À peine une concession ! En vérité, Élisabeth Borne n’a pas vacillé. Elle n’a d’ailleurs pas regagné tous ses alliés perdus… de LR, qui jusqu’au bout tâcheront de se tailler une image « sociale » auprès de leur électorat foncièrement à droite. La Première ministre croyait pourtant reprendre la main, voilà que le timing lui échappe. Car, c’est désormais au tour du ministre du Travail, Olivier Dussopt, sur lequel elle comptait pour défendre la réforme, d’être le maillon faible. Soupçonné de « favoritisme » dans l’attribution d’un marché de l’eau à Annonay, l’hémicycle lui a été si hostile qu’il n’a pu s’exprimer qu’après de longues minutes de huées et de quolibets. Au baromètre de l’illégitimité, tout indique un avis de tempête pour le ­gouvernement Borne 1/Macron II.

Il ne restait plus donc aux députéEs de la majorité qu’à envoyer Aurore Bergé, porte-parole du groupe Renaissance à l’Assemblée, expliquer sans ciller que la Nupes vote plus souvent avec le RN que n’importe quel groupe parlementaire. Un mensonge de plus pour que la macronie ne perde pas la face (sic !). C’est bien le groupe LR, dont le gouvernement veut s’attribuer les bonnes grâces, qui vote le plus souvent avec le RN, comme l’indique un fact-checking du journal Libération. Il s’en ait fallu de peu que les députéEs de la Nupes ne soient qualifiés de zadistes ! Le parlementarisme, tout un art !

Compter avec la rue et les AG

Bref, si plusieurs députéEs de la Nupes sont intervenus pour dire à quel point la réforme était injuste, ce faisant l’écho de la rue et le porte-voix des travailleurEs, comme Mathilde Panot et Rachel Keke, le débat parlementaire qui s’ouvre, si toutefois il est mené jusqu’au bout, ne saurait aboutir à la victoire, c’est-à-dire au retrait total de ce projet de loi régressif. Avec 20 000 amendements sur la réforme, le travail risque d’être long et vain…

C’est sur la rue et le blocage du pays qu’il faut compter pour faire reculer le gouvernement, obtenir le retrait de cette contre-réforme et viser les 60 ans et les 37,5 annuités. Le 7 février, si les grévistes et les manifestantEs ont peut-être été un peu moins nombreux, la colère est restée intacte. La mobilisation des salariéEs a été très forte dans de nombreuses villes de France et au moins égale à la journée du 19 janvier qui avait été saluée comme une journée historique. 10 000 personnes ont défilé à Quimper, 45 000 à Nantes, 80 000 à Toulouse, 12 000 à Bayonne, 15 000 à Amiens, 27 000 à Grenoble, 8 000 à Laval, 25 000 à Rennes, 10 000 à Orléans, 15 000 à Cherbourg, 50 000 à Bordeaux, etc.

Course de fond

La perspective d’un 11 février, un samedi, qui soit encore plus fort ne peut que nous réjouir, car dans la rue, ensemble, nous reprenons confiance. Nous reprenons confiance en notre nombre et plus encore en notre force commune. Nous reprenons confiance en la justice, la justice sociale, démocratique, en nos capacités collectives à résister et à penser contre la résignation et les politiques des profits et des grands intérêts.

En cette troisième journée de mobilisation, Fabien Roussel a même déclaré que « la victoire est à portée de basket ». Une affirmation un brin audacieuse quand même, car notre nombre si important soit-il ne suffira pas pour gagner. Aux bons chiffres doit s’ajouter une stratégie pour gagner. Avec les journées de mobilisation répétées, le risque est grand de voir les grévistes s’essouffler en ces temps de fin de mois difficiles. D’autant qu’une course de fond s’engage sans réel plan de bataille de la part des directions syndicales.

Mettre un coup d’arrêt à ce projet de contre-réforme, c’est nécessaire. Alors pour gagner, il faut continuer à s’organiser : voir comment mettre la pression maximum en bloquant l’économie ; construire la mobilisation, en particulier en préparant dès maintenant la journée du 8 mars et en se dotant d’un calendrier pour construire un mouvement de grève reconductible ; aller chercher tous les soutiens ; remplir les caisses de grève ; tisser les liens interprofessionnels ; organiser des manifestations locales… Gagner cette seconde manche du combat est à notre portée !