Publié le Mercredi 1 février 2012 à 19h28.

Le quinquennat de l’austérité

Jusqu’au bout de son quinquennat, Sarkozy aura aligné les mauvais coups pour casser les acquis sociaux. Le président des riches n’aura eu de cesse de complaire aux plus nantis en général et au patronat en particulier. Le patronat doit se frotter les mains après les annonces du chef de l’État dimanche soir, sur pas moins de neuf chaînes de télévision.

Les mesures dévoilées ne représentent pas une surprise, la « TVA sociale » était attendue. Serpent de mer du quinquennat, elle refait son apparition à trois mois des échéances électorales. Sans doute Sarkozy veut-il passer pour le seul capable de prendre les mesures fortes qui s’imposent pour faire face à la crise. En réalité, il poursuit sa politique de démolition sociale et veut imposer un nouveau plan d’austérité dont les victimes sont toujours les mêmes, à savoir les salariéEs et les classes populaires.

Alléger les cotisations patronales et faire compenser le manque à gagner par l’augmentation de la TVA est non seulement scandaleux mais aussi une sacrée imposture. La TVA, impôt injuste qui pèse davantage sur les revenus les plus modestes, va passer de 19,6 à 21,2 %, accentuant encore plus la baisse du pouvoir d’achat. Cette hausse serait nécessaire au nom de la compétitivité ! Il s’agit de justifier la vieille complainte libérale – « le coût du travail en France est trop élevé » – et d’appliquer toujours les vieilles recettes : offrir de nouveaux cadeaux fiscaux au patronat. Pour cela, la démagogie et les mensonges sont de mise : ces allègements de cotisations permettraient la création d’emplois, car comme chacun sait la France « a la fiscalité la plus lourde d’Europe ». C’est faux et il suffit de prendre le rapport 2011 de la Commission européenne sur la fiscalité pour constater que la France est à la septième place européenne pour son taux de fiscalité rapporté au PIB, loin derrière le Danemark, la Suède, la Belgique, l’Italie, la Finlande ou l’Autriche.

Or, les exonérations en tout genre (appliquées depuis des décennies) qui ont coûté très cher au budget de l’État en creusant les déficits, n’ont jamais permis de faire remonter la courbe de l’emploi dans ce pays. Preuve en est, le nombre de plus en plus élevé des chômeurEs, avec des records atteints durant le mandat de Sarkozy (le taux de chômage frôle les 10 % actuellement).

Ces exonérations et les allègements d’impôt ont bénéficié en particulier aux grands groupes qui n’ont pas hésité à licencier massivement, mais ont continué à distribuer des dividendes aux actionnaires... et réclament toujours plus d’aides de l’État.

Cette imposture sur l’emploi se double d’une attaque extrêmement grave sur le financement de la protection sociale, puisqu’il s’agit d’assurer une partie du financement de cette dernière, jusqu’alors assise sur le travail, par l’augmentation de la TVA payée par tous, en faisant un cadeau de 13 milliards d’euros aux entreprises.L’acharnement du pouvoir à remettre en cause le financement de la protection sociale tel qu’il fonctionne aujourd’hui n’est pas non plus une surprise, mais un pas supplémentaire est franchi. Le principe de solidarité intergénérationnelle et du salaire socialisé, dont une partie différée alimente toutes les caisses de la protection sociale, est la cible des politiques libérales depuis longtemps, qui veulent progressivement assurer le financement de la Sécu par le biais de l’impôt.

Toujours au nom de l’exigence de « compétitivité », des accords pourraient être signés par entreprise ou par branche, permettant aux patrons d’exercer un véritable chantage à l’emploi : les salariéEs seront somméEs « d’accepter » des baisses de salaires et de renoncer aux 35 heures. Ces expériences ont déjà eu lieu dans certaines entreprises avec le succès qu’on connaît : chez Continental à Clairoix, les salariés ont accepté qu’on rogne tous leurs acquis avec, malgré tout au final, le licenciement pour tout le monde ! En remettant en question le contrat collectif, Sarkozy exauce un vieux souhait du patronat et donne le dernier coup de boutoir aux 35 heures. Finalement, le quinquennat de Nicolas Sarkozy s’achève comme il avait commencé, par toujours plus de régression sociale.

Les annonces du chef de l’État sont ni plus ni moins un nouveau plan d’austérité qui ne dit pas son nom. Toujours au nom de la crise. Les responsables de cette dernière ne sont pas inquiétés, on continue de s’en prendre aux victimes. Il est plus qu’urgent de faire en sorte que l’impopularité de Sarkozy s’amplifie et se solde par son départ définitif de l’Élysée en mai prochain.

Myriam Martin