Après les ors de la république auxquels nous ont habitués nos institutions, sont revenus les ors de la monarchie. Pour son anniversaire, Macron ne s’est offert rien de moins qu’une soirée privée dans le château de Chambord, où il a pu recevoir, tel un François Ier, « Prince des arts et des lettres », des invités triés sur le volet.
Dans la même logique, le président s’est alloué une séance de communication en monarque. Dimanche, sur la télévision publique, il a reçu le courtisan Laurent Delahousse pour une « marche » à travers le palais de l’Élysée. Un exercice dans lequel Delahousse a excellé dans le rôle du laquais.
Il faut dire que Macron affectionne tout particulièrement d’apparaître en Majesté. C’est au Louvre qu’il a fêté sa victoire, c’est à Versailles qu’il a présenté un discours de politique générale devant les deux chambres réunies et c’est aussi dans ce même lieu, symbole de la monarchie absolue, qu’il a accueilli Vladimir Poutine en grande pompe.
À quand un lit de justice à l’assemblée où, tel les monarques absolus, le président pourrait, symboliquement allongé sur un lit, faire enregistrer ses édits et ses ordonnances ?
Ces rappels réguliers à la figure royale pourraient seulement nous paraître risibles s’ils ne s’inscrivaient pas dans une période de reculs de nos droits et de nos libertés. Car derrière la mise en scène, il y a un projet politique.
Et ce n’est rien de moins qu’une noblesse dotée de privilèges exorbitants que le président est en train de renforcer. Les déclarations d’une députée LREM, condamnée avec son salaire de 5 000 euros à « manger plus de pâtes », en plus du mépris de classe, montrent la déconnexion totale avec la réalité sociale de la population. De là à penser que lorsque qu’on n’a plus de pain, on n’a qu’à manger de la brioche il n’y a qu’un pas…
Les dernières élections ont toutes montré la désaffection de la population pour la classe politique, et la victoire de Macron est en partie le résultat de cette crise de représentativité. Non conscient de ce problème de légitimité, Macron impose sa politique antisociale et imagine se donner une stature en recourant à la figure monarchique. Or, celle-ci est à double tranchant : Macron ne devrait pas oublier que les rois ça se renverse et que, parfois même, ils peuvent perdre la tête.
Camille Jouve