Nul besoin de « faire partie d’une nation » qui a coupé la tête du roi, pour considérer le couronnement de Charles III pour ce qu’il est : un spectacle !
Cette mise en scène de la monarchie britannique au cours d’un week-end offre l’occasion — unique dans une vie peut-être — d’oublier ses soucis, entend-on. C’est aussi une opération qui permet de faire corps avec la nation et son souverain, une forme d’union sacrée. À l’heure où les Britanniques ont fait grève comme rarement depuis longtemps pour des augmentations de salaire, contre la vie chère et l’inflation, la parenthèse du couronnement est une aubaine pour le gouvernement.
Certes, le coût de la diversion — l’opération « Golden Orb » que le gouvernement va entièrement payer — est un peu cher. Il est estimé entre 50 millions et 100 millions de livres sterling (entre 57 et 115 millions d’euros). Bien plus que lors du sacre de 1953 (20,5 millions de livres d’aujourd’hui) ou que celui de George VI en 1937 (24,8 millions de livres d’aujourd’hui).
D’ailleurs 51 % des Britanniques sont opposés à cette prise en charge publique, selon un sondage YouGov. Et on les comprend ! Surtout que la fortune personnelle du roi le plus âgé de l’histoire est estimée à 1,8 milliard de livres sterling (plus de 2 milliards d’euros), selon le Guardian.
L’argent du couronnement serait en effet plus utile à la protection sociale des travailleurEs, aux hôpitaux ou aux écoles qui, là-bas comme ici, sont décimés par des années de politiques au service de la marchandisation du monde.
Une marchandisation qui semble avoir touché la monarchie elle-même, au moins pour un week-end, et pour laquelle on ne peut que penser à la phrase de Guy Debord : « Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale ».
La monarchie, fétichisée et instrumentalisée, reste bien utile au plus jeune Premier ministre du royaume au point de la défendre jusquà déployer 7 000 soldats et procéder à des dizaines d’arrestations, notamment des militants du groupe Republic et de Just Stop Oil. Et cela, ce n’est ni un spectacle ni un mirage, mais la réalité de la lutte de classes !