Il n’est pas indispensable de s’être infligé le débat entre Valérie Hayer (tête de liste Renaissance) et Marion Maréchal (tête de liste Reconquête) lundi soir sur Cnews pour comprendre que la stratégie macroniste est un accélérateur de l’extrême droitisation du débat politique.
D’abord, en acceptant l’organisation d’un débat de campagne par une chaîne de Bolloré, chaîne qui ne cache pas son parti pris pour les candidatEs d’extrême droite à chaque échéance électorale. Ensuite, en donnant crédit aux questions biaisées par le prisme de l’extrême droite : comment lutter contre « l’ensauvagement de la jeunesse » ? comment booster la militarisation et l’armement ? comment fermer les frontières plus hermétiquement ? Et qu’importe que les réponses diffèrent, ce qui est martelé c’est le constat des enjeux. Et ils sont partagés. De fait. On peut même redouter que les deux obsessions — la lutte contre l’islamisation de M. Maréchal et le renforcement de l’autoritarisme institutionnel de V. Hayer — puissent fusionner dans un projet politique commun, celui du RN par exemple.
Alors, ce n’est pas un scoop ! Le fond politique de la macronie n’est que l’habillage idéologique de l’individualisme et de la loi du plus fort pour justifier le maintien de l’économie de marché. Et comme ce n’est pas « rentable électoralement », sa tactique est de se poser en seule alternative au RN. Dans cette campagne européenne, les macronistes ne combattent donc pas les idées d’extrême droite, défendues bien au-delà du RN à commencer par la liste Reconquête, mais cherchent à minimiser l’écart entre la liste Bardella et la leur. Pour cela, elles et ils recourent à la bonne vieille tactique de la division : donner de la visibilité à Reconquête pour tenter d’éparpiller les voix de l’extrême droite.
Que cette stratégie contre la montée électorale du FN / RN, éculée depuis des décennies, risque fort d’être perdante pour les macronistes pourrait nous être indifférent, puisque c’est leur politique même qui alimente la montée des votes d’extrême droite. Nous ne pouvons pourtant compter sur un tel calcul. Le vote pour l’extrême droite, quelle qu’elle soit, est un vote de désespoir qui désarme celles et ceux qui combattent la politique macroniste. Y faire barrage est un enjeu vital qui commence par la reconstruction des solidarités dans les mobilisations sociales et contre toutes les oppressions avant de s’exprimer en juin dans les urnes.