Publié le Lundi 19 mai 2025 à 19h00.

« L’unité, elle sert à construire le rapport de forces contre Macron, contre le patronat, contre l’extrême droite »

Nous publions l’intervention de notre camarade lors du meeting unitaire social unitaire qui s’est tenu à Orléans le 15 mai 2025. Ce meeting, qui a réuni 200 personnes, était à l’initiative de la CGT, pour qui Fabienne Rouchy est intervenue. Étaient présents le PCF, Solidaires, la FSU, Attac, l'Unef et l'UE, LFI, le Planning Familial et le NPA-l’Anticapitaliste.

Bonsoir,

Je suis Salomé et j’interviens pour le NPA-l’Anticapitaliste.

Merci à la CGT de nous proposer de construire ce meeting unitaire, c’est une excellente initiative dans la période.

Je vais intervenir sur la question de l’unité, parce que pour nous, c’est quelque chose de fondamental, quelque chose de central. Construire l’unité d’action, c’est dans notre ADN à nous. Ce n’est pas pour rien si notre slogan c’est « Unitaires et Révolutionnaires ».

C’est bien parce qu’il y a eu l’unité syndicale qu’on a déferlé par millions contre la réforme des retraites. On l’a bien vu dans nos entreprises, sur nos lieux de travail, en discutant avec les collègues que c’est parce que tous les syndicats étaient là qu’ils étaient prêts à se mobiliser.

C’est aussi parce qu’il y a eu l’unité politique et sociale en juin, l’an dernier, dans le Nouveau Front populaire qu’on a empêché le RN d’arriver au pouvoir, qu’on a déjoué tous les pronostics.

Des dizaines de milliers de personnes, au moins, se sont mobilisés l’an dernier. Cela s’est appelé collectifs NFP, Victoires Populaires, Convois pour la Victoire, etc.

On estime que dans la 2e circonscription, c’est environ 300 à 400 personnes qui ont tracté au moins une fois pour faire élire Emmanuel Duplessy. Sur ces 300 à 400 personnes, l’écrasante majorité ne militait pas dans des partis, pas dans des syndicats ou des collectifs, mais elles ont bien vu l’urgence à se mobiliser, à se saisir de l’initiative unitaire pour se défendre contre l’arrivée au pouvoir de Bardella.

Là où on a échoué par contre, localement comme nationalement, c’est à faire du NFP autre chose qu’un simple accord d’appareils. Il aurait fallu construire à la base ces collectifs unitaires pour mobiliser sur le programme du Nouveau Front populaire, et les faire perdurer après les élections, pour maintenir le rapport de forces.

Parce que l’unité, elle ne doit pas être que de façade. Elle ne se limite pas à coller des logos. Et elle ne doit pas s’arrêter après les élections. L’unité, elle sert à construire le rapport de forces contre Macron, contre le patronat, contre l’extrême droite.

Donc, on n’a pas réussi à construire ces collectifs unitaires sur la durée, le soufflé est retombé et aujourd’hui, les directions nationales des partis sont retournées à leurs enjeux d’appareil.

Alors, c’est à la rue, au mouvement social, de reprendre la main, et se mobiliser dans l’unité. C’est pour cela que c’est très important le meeting de ce soir, et on remercie encore une fois la CGT d’avoir pris cette initiative.

Alors, on doit se mobiliser dans l’unité déjà pour dénoncer la dissolution d’Urgence Palestine et de la Jeune Garde. Ces décisions de dissolution visent à casser le mouvement social, le soutien à la Palestine, la lutte contre l’extrême droite. Mais après Urgence Palestine et la Jeune Garde, c’est tout le mouvement social qui est menacé.

Il y a quelques années, c’était le CCIF qui avait été dissous et on voit que ça a permis d’accélérer les discours et les politiques islamophobes. On l’a vu avec l’attentat ignoble à la mosquée de La Grand-Combe et l’assassinat d’Aboubakar Cissé. On le voit avec les agressions contre des femmes qui portent le voile. On le voit avec l’incendie criminel contre la mosquée de Jargeau ou avec les autocollants racistes collés récemment dans le centre-ville d’Orléans. Retrouvons-nous et mobilisons-nous collectivement contre l’islamophobie, le racisme.

Nous voulons construire l’unité de notre camp social pour résister contre les attaques du gouvernement et de l’extrême droite. Il faut regrouper l’ensemble des classes populaires, toutes les classes populaires, autour d’un programme de rupture.

Et cela implique donc d’être intransigeantes contre l’islamophobie, contre l’antisémitisme, contre tous les racismes. Cela implique d’intégrer la lutte contre les oppressions dans leur entièreté, contre le sexisme, la transphobie, l’homophobie, le validisme. Cela est indispensable si l’on veut rassembler notre camp social, tout notre camp social, et en particulier les populations les plus précarisées, les plus exploitées, les plus opprimées.

C’est d’autant plus urgent que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, que le gouvernement Macron-Bayrou-Retailleau leur sert la soupe, et que Bolloré et Stérin cherchent à imposer leurs idées.

Si l’extrême droite avance, c’est aussi parce qu’on la laisse faire. Parce qu’on ne se mobilise pas dans l’unité, en soutien aux luttes. Après plus d’un an de génocide à Gaza, on n’est plus très nombreux dans la rue. Les sans-papiers sont privés de droits et de leur dignité et on se mobilise plus assez en soutien.

Heureusement, le 8 mars est une réussite depuis deux ans. On peut s’appuyer dessus et construire la convergence des luttes, l’unité des fronts de lutte, de tous les fronts de lutte.

Comme je l’ai dit plus tôt, toucher à l’une de nos organisations, des Soulèvements de la Terre à Urgence Palestine, du CCIF à la Jeune Garde, c’est toucher à tout le mouvement social. Et donc tout le mouvement social doit répondre.

Quels que soient nos désaccords, on ne peut pas se permettre de rester chacun dans son couloir, les syndicats d’un côté, les partis de l’autre, les associations encore ailleurs, etc.Ce n’est plus possible. Il faut y aller ensemble.

Comme il a été dit, il y a un budget d’austérité dégueulasse qui a été adopté, et celui de 2026 va être encore pire. La casse des services publics, des hôpitaux, des écoles, des facs, des services de la transition écologique va s’accélérer.

Cela va aller de pair avec des vagues de fermetures d’usines, de licenciements, de suppressions de postes, où on va nous faire le chantage « c’est la transition écologique ou le social ». Il faudra refuser ce chantage.

On devra construire un front unitaire, de tout le mouvement social, pour revendiquer le « 0 licenciement et 0 suppression de postes », pour revendiquer la reconversion écologique de la production sous le contrôle des salariéEs et de la population. Pour revendiquer l’arrêt de la casse du service public et la création de postes dans la fonction publique.

Prenons donc l’engagement ce soir d’aller ensemble sur les piquets de grève, de construire collectivement la solidarité avec les salariéEs mobiliséEs, quelle que soit notre étiquette ou notre absence d’étiquette.

C’est ça la priorité pour nous. On pourra en discuter ensemble, mais pour nous la priorité, ce n’est pas de se disputer pour savoir qui sera la tête de liste aux municipales et quelle place pour chacun et chacune sur la ou les différentes listes aux municipales en 2026.

Tout ça pour quoi en plus ? Appliquer une austérité de gauche l’an prochain parce qu'on ne se sera pas mobiliséEs aujourd’hui pour changer concrètement le rapport de forces ?

L’urgence, ce n’est pas non plus la course de petits chevaux pour savoir qui sera le meilleur candidat à la présidentielle en 2027. Ce n’est pas l’urgence.

L’urgence, c’est l’unité d’action contre la casse sociale et l’austérité, contre l’extrême droite, contre l’islamophobie et contre toutes les oppressions, pour l’égalité des droits et la justice sociale.

L’urgence, c’est l’unité d’action dans la rue, autour d’un programme de rupture. Pour cela, il faudra se saisir de toutes les dates de mobilisations, que ce soit la marche des fiertés samedi 17 mai, la conférence avec Rima Hassan dans la foulée, les manifestations du 5 juin et la manifestation antifasciste à Montargis.

Merci.