La primaire socialiste de dimanche dernier aura été, à l’image de la cité phocéenne, haute en couleurs, et les commentaires médiatiques faits de (quelques) contre vérités. Quelques éclaircissements sur cette « bataille » que vient d’emporter Patrick Mennucci...S’appuyant sur les images de minibus envoyant des électeurs voter et sur les déclarations de la ministre-candidate Carlotti, Samia Ghali aura été présentée partout comme la protégée du « président Jean Noël ». En effet, elle aura été l’unique candidate à ne jamais s’opposer à Guérini et à son système clientéliste. Pour autant, quel candidat peut se vanter de s’être opposé aux pratiques clientélistes depuis toujours ? Aucun. En effet, comme le déclarait récemment Guérini lui-même, il est difficile de « choisir entre ses enfants ». Patrick Mennucci était en effet le second couteau de Guérini lors des municipales de 2008 et aura grandement compté dimanche dernier sur les réseaux d’Henri Jibrayel dans le 16e arrondissement, ennemi de toujours de Ghali et bien connu pour ses pratiques clientélistes.Fracture sociale et ethniqueLongtemps (et encore !) ignorés par les politiques, relégués dans les cités et discriminés socialement, un grand nombre d’enfants d’immigrés maghrébins auront porté leur voix vers « leur » candidate. Loin d’être un vote communautariste, comme l’ont laissé entendre les médias et le « off » de la campagne de Mennucci, il s’agit bien d’une réaction liée à la fracture sociale de la ville. Ghali l’a bien compris et a joué la carte de « l’anti-Matignon » pendant toute sa campagne, révélant la profonde fracture socioethnique de la ville. Voilà qui explique en grande partie la base sociale dont a disposé Samia Ghali : réseaux de relations clientélistes et illusion de revanche « du Nord » de la ville.Focalisés sur les petites phrases, les médias n’ont jamais parlé des programmes. Les socialistes se réunissent aujourd’hui sur un programme sécuritaire prévoyant le doublement des effectifs de policiers municipaux et l’extension massive de la vidéo-surveillance. Révélateur de cette ambiance à virer à droite, le candidat pressenti pour s’opposer à Ravier, (leader du FN en excellente position pour accéder à la mairie du 13/14e arrondissement), est Christophe Masse, le « monsieur sécurité » du PS. Quant au programme social et économique, le PS reste le PS, austéritaire et antisocial. C’est bien à ça que les Marseillais devront s’opposer.Kevin Vay