Publié le Dimanche 21 décembre 2025 à 10h50.

Arkéma Marseille : lutte pour les salaires face aux profits

Entretien avec Rémi et Sébastien (responsables CGT)

À l’usine Arkéma de Marseille, comme dans plusieurs sites du groupe en France, la colère monte face à des augmentations salariales dérisoires, alors que les profits et les dividendes explosent. Les salariéEs sont en grève totale depuis le 11 décembre.

Votre usine est en grève reconductible depuis le 11 décembre. Quelles sont les raisons de cette lutte ?

Lors des Négociations annuelles obligatoires sur les salaires (NAO), la direction d’Arkema France nous a annoncé une « augmentation » salariale de 1,2 %, avec un minimum de 35 € pour les plus bas salaires.

C’est la plus faible augmentation depuis plusieurs années et, de plus, cette aumône s’accompagne du blocage de diverses primes, par exemple 0 % d’augmentation sur la prime « de résultats », ce qui, au final, correspond à peine à l’inflation.

Quand on sait ce que s’attribuent les actionnaires, il y avait de quoi déclencher la colère des salariéEs de l’usine, qui est à l’arrêt total depuis une semaine.

Bien d’autres usines sont touchées et les camarades de Saint-Auban (04) sont aussi en grève par solidarité.

Justement, quel est le niveau des profits chez Arkema ?

300 millions d’euros nets, dont 177 millions de dividendes pour les actionnaires, qui se sont attribué 10 % de hausse… de quoi passer de belles fêtes pour eux !

Arkema a bénéficié de combien d’aides de l’État ?

En 2023, Arkema France a bénéficié de 11 millions d’euros d’exonérations sur la masse salariale. Cet argent, payé avec nos impôts, a aussi contribué à engraisser les actionnaires. Ce qui n’empêche pas Arkema de procéder à 250 suppressions d’emplois en France, suppressions pudiquement « déguisées » en non-remplacements de départs.

Et maintenant, quelles sont les perspectives ?

Le 18 décembre la direction a décidé de mettre l’usine en chômage technique partiel. La grève est reconduite jusqu'au mardi 23 décembre où une AG sera organisée pour décider de la suite du mouvement.

Le personnel reste très mobilisé et nous ne voulons pas lâcher l’affaire.

Dernière question : on sous-entend que votre usine, classée Seveso, est dangereuse et qu’une fermeture ne serait pas une mauvaise chose. Qu’avez-vous à répondre à ces arguments ?

Les travailleurEs d’Arkema sont bien évidemment concernéEs en première ligne par la sécurité. C’est nous qui, quotidiennement, sommes confrontéEs aux risques pour notre santé. Nous sommes donc très vigilantEs là-dessus et avons obtenu beaucoup de mesures pour diminuer les risques, et nous ne comptons pas en rester là.

Mais il faut savoir qu’une fermeture, et donc une délocalisation, signifierait plusieurs centaines de chômeuses et chômeurs de plus, sans compter les nombreux emplois induits, dans un secteur, le 11e arrondissement de Marseille, qui a déjà connu un nombre impressionnant de fermetures d’usines.

De plus, avec cette « délocalisation », l’usine serait installée dans des pays souvent sans protection sanitaire et sociale, où l’on fait parfois travailler des enfants. Enfin, ce qui ne serait plus produit ici reviendrait sous forme de produit fini par bateau, par camion ou par avion, ce qui ne serait pas un progrès sur le plan écologique.

Propos recueillis par Jean-Marie Battini