Alors que le 37e congrès du Parti communiste s’achevait ce dimanche 6 juin par l’adoption de la feuille de route pour 2017, Mélenchon tenait de son côté sur une place du 19e arrondissement parisien son propre rassemblement de la « France insoumise » qui lançait officiellement la campagne présidentielle.
Est-ce un hasard ou un pied de nez ? Cinq ans après son premier lancement de campagne présidentielle, Mélenchon a choisi de lancer sa campagne 2017 au même endroit, place Stalingrad... mais sans le Front de gauche ! Au même moment ou quasiment, Pierre Laurent, concluait son congrès, fustigeant dans son discours « l’aventure personnelle » et jugeant « extrêmement dangereuse » pour la suite, la stratégie de celui qui part « seul dans son couloir en surfant sur la crise »...
Du programme et de son candidat...
De cela, Mélenchon n’en a cure : il indique que « ce n’est pas le temps des programmes minimums et des plateformes convenues », critiquant ainsi la feuille de route pour 2017 adoptée par le congrès du PCF. Celui-ci appelle « dans la durée, à un Front populaire et citoyen de lutte et de construction » qui serait « à la fois fait de mobilisations sociales, de constructions citoyennes et d’alliances avec des courants transformateurs et réformistes prêts à agir avec nous pour un projet de transformation sociale ». Concrètement, si on peut parler ainsi, les communistes lancent une consultation citoyenne intitulée « Que demande le peuple ? »
Au bout du bout, « les forces engagées auraient la responsabilité de désigner un candidat commun. Si plusieurs candidats se présentaient, une primaire citoyenne ou tout autre moyen de désignation serait enclenché, le PCF étant alors prêt à engager un candidat ». Privilégiant ainsi un prétendu « rassemblement » : « On veut aller des frondeurs au NPA, explique Marie-Pierre Vieu. Il ne s’agit pas que d’une alliance de partis mais d’un vrai pacte où les gens puissent se reconnaître. Il faut travailler avec les frondeurs ».
Mais pour Mélenchon, le plus urgent « dans une présidentielle » est de « régler le plus simple et trouver un candidat »... Lui-même !
Et à la fin c’est Mélenchon qui gagne ?
Face à la stratégie du PCF, stratégie qui n’a d’autre sens que de refuser de rompre définitivement avec le PS, de nombreuses voix s’élèvent. Ainsi, sans attendre, Francis Parny a fait le choix de la « France insoumise » et indique : « Quand on a un bon candidat qui porte un bon projet, on le désigne sans attendre. Pierre Laurent veut un compromis avec les réformistes et cette stratégie illusoire mène le PCF dans le mur. » C’est le cas également de Bruno Bonin, secrétaire fédéral du Parti communiste dans les Deux-Sèvres qui pense que « de toute façon, à la fin ce sera Mélenchon »...
Sur fond de rejet profond du gouvernement, le mouvement pour le retrait de la loi travail mérite mieux que des tractations et psychodrames en vue de 2017. Nous ne pensons pas qu’un homme providentiel, pas plus qu’un meccano par en haut entre différentes forces ou courants politiques plus ou moins opposés à la majorité actuelle, fassent partie de la solution, mais plutôt du problème...
Sandra Demarcq