« Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe est mortelle – elle peut mourir –, elle dépend de nos choix »… En prononçant ces mots le 25 avril lors de son discours sur l’Europe à la Sorbonne, Macron a bien malgré lui mis l’accent sur la dégradation du projet des classes dirigeantes européennes en pleine tourmente.
Face aux conflits armés, en Ukraine comme en Palestine, les États européens sont divisés et lancés dans une course à l’armement et à la remilitarisation.
Contre leur Europe des banques, de la guerre et des barbelés
L’instabilité mondiale, liée notamment aux conséquences du dérèglement climatique, va continuer à jeter sur les routes de l’exil des milliers de personnes, à accroître les concurrences impérialistes ou régionales pour les ressources naturelles. Cela rend d’autant plus criminel la politique des États européens qui se sont unis autour des nouveaux barbelés dressés à la face des migrantEs, avec tout récemment l’adoption du nouveau pacte migratoire à Bruxelles… Et les voix qui s’élèvent pour arrêter le génocide à Gaza et réclamer la justice pour les Palestiniens font face à une répression étatique sans précédent, que ces voix soient celles de militants du mouvement social, de militant·es politiques, d’élu·es ou de candidat·es, ou d’étudiant·es mobilisés dans leurs universités.
Au sein de l’Union européenne, les 10 % les plus riches détiennent 67 % des richesses, avec des disparités selon les pays. Pour défendre « la concurrence libre et non faussée », les classes dirigeantes européennes imposent l’austérité. Que ce soit face aux directives européennes qui veulent imposer un timide « devoir de vigilance » aux entreprises, ou améliorer les conditions de travail des salarié·es uberisé·es, la macronie s’oppose fermement à toute remise en cause du pouvoir des classes dirigeantes à exploiter sans limites. Le glyphosate est réautorisé pour les dix prochaines années.
Le poison de l’extrême droite
Les classes dirigeantes européennes mènent des politiques de plus en plus sécuritaires et autoritaires. Le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme augmentent, entretenus par tous ceux qui ont intérêt à nous diviser, et en l’absence de perspectives collectives et émancipatrices, c’est l’extrême droite, de plus en plus menaçante, qui marque des points. Elle a déjà gagné des positions qui étaient inimaginables jusqu’ici, et dirige ou participe aux gouvernements de plusieurs pays (Italie, Danemark, Hongrie…). Et ici, la politique menée par Macron, Darmanin et Cie ouvre la voie à Le Pen, Bardella et Zemmour.
En France, le RN est crédité d’au moins 30 % d’intentions de vote, et la totalité de l’extrême droite à près de 40 %. Mettant en œuvre des mesures qui ouvrent la voie au RN (comme la récente loi asile-immigration de Darmanin), la macronie est aux abois, sans boussole politique autre que le maintien des profits des ultra-riches. La gauche politique est divisée depuis que le bloc électoral de la Nupes a explosé, et s’appuyant sur le rabibochage d’un Parti socialiste pourtant profondément fracturé depuis les dernières législatives, le projet autour de la liste conduite par Raphaël Glucksmann est bien celui de reconstruire une gauche présentée comme « responsable », candidate sérieuse à l’alternance électorale pour gérer le système.
Pour la rupture, votons pour la liste de l’Union Populaire
C’est tout l’inverse dont nous avons besoin : rassembler les anticapitalistes et les antilibéraux dans une gauche de combat qui s’appuie sur les luttes et cherchent à les construire, et dont le programme de rupture serait un point d’appui pour les luttes du monde du travail, pour la solidarité avec les Palestinien·nes, dans les grandes mobilisations récentes comme dans l’agriculture… Ces derniers mois, nous avons cherché à œuvrer pour le rassemblement de ces forces, en particulier en cherchant un accord avec la liste d’Union populaire, sur la base de nos convergences sur les luttes sociales, le rejet de la gauche social-libérale et nos positionnements par rapport à l’Union européenne. Nous regrettons que LFI ait mis en avant les désaccords que nous pouvons avoir – par exemple sur la question des formes de soutien à la résistance ukrainienne – pour refuser de regrouper cette gauche de combat en tirant toutes les conséquences de l’échec de la Nupes.
Mais face aux urgences, il n’y a pas lieu de tergiverser pour se rassembler, dans la rue comme dans les urnes. Lors du scrutin du 9 juin prochain, il faut donner le plus de voix possible à la liste la mieux placée pour réunir à une large échelle les suffrages exprimant la volonté de ne pas se résigner, d’en découdre avec le système. C’est pourquoi, en toute indépendance, le NPA-L’Anticapitaliste appelle à voter pour la liste de l’Union populaire conduite par Manon Aubry.
Mais cela ne suffira pas. Après les élections, nous avons besoin de construire les mobilisations, sur nos lieux de travail ou d’études, dans nos quartiers, afin de mettre un coup d’arrêt à Macron et à l’extrême droite. Cela va de pair avec la construction d’une réelle alternative écosocialiste : mener les batailles internationalistes pour que meure leur Europe des inégalités, pour changer radicalement d’Europe.