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Il y a quatre raisons à l’épreuve de force engagée par Nicolas Sarkozy contre le monde du travail, les jeunes et les retraités.
- 1) Le gouvernement se doit de donner des gages aux marchés financiers en réduisant la dépense publique, les dépenses sociales (la retraite aujourd’hui, la santé demain). Sinon la sanction des marchés tombera. D’où des plans d’austérité et la remise en cause du droit à la retraite partout en Europe.
- 2) En France, il s’agit aussi d’un vieux projet visant à changer les rapports de force et la répartition des richesses en faveur des plus riches, de se débarrasser du «fardeau social et fiscal» conquis par les travailleurs en 36 et à la Libération. De vaincre les secteurs résistants depuis 1995 à l’offensive libérale: cheminots, enseignants, étudiants….
- 3) Avec des pensions en baisse, c’est l’occasion pour des requins de la finance comme le propre frère du président, Guillaume Sarkozy du groupe Mederick de profiter de la situation en proposant de l’assurance privé en lieu et place de la solidarité intergénérationnelle.
- 4) Enfin, l’enjeu pour Sarkozy est de rassembler le camp réactionnaire, de montrer sa force à dix huit mois avant l’échéance présidentielle.
C’est pourquoi nous n’avons jamais sous estimé l’ampleur de l’épreuve de force en cours, une bataille qui induit beaucoup des rapports de force futurs…mais dans la quelle les plans sarkozystes sont l’un après l’autre mis en échec !
- La bataille d’opinion est perdue. En six mois, les forces du camp social ont réussi à battre en brèche la fatalité de la remise en cause de la retraite à 60 ans malgré le rabâchage médiatique et le rouleau compresseur des idéologues bien pensants.
- Cette présidence apparaît désormais comme le gouvernement des riches, celui de Bettencourt, capable de tous les coups bas pour s’en sortir. La liste est longue: mensonges, intox, offensive sécuritaire et xénophobe, instrumentalisation d’une «menace terroriste», manipulations un jour du PS, l’autre du NPA, des jeunes et des manifestants, brutalité et provocations policières, menaces de réquisitions de salariés du privé, blocage de la justice, peur des jeunes (trop jeune pour manifester mais assez vieux pour aller en prison à 13 ans….). Tout y passe, toutes les vieilles recettes de la droite soumise à la pression populaire sont réveillées.
- Pourtant Sarkosy n’a pas réussi à briser les résistances. Lui qui se vantait d’avoir rendu manifs et grèves invisibles, a été démenti par la rue. Non seulement les forces sont toujours là mais de nouvelles générations de jeunes et de salariés apparaissent pour mener le combat. Au contraire c’est dans son propre camp que son leadership est désormais entamé.
- Ces éléments expliquent la tentative de passage en force, en utilisant les armes de la V ° république qui concentre les pouvoirs sur un seul homme en s’appuyant sur des assemblées élues par des modes de scrutin antidémocratiques. Des armes alliées à la force policière qu’entend faire jouer Sarkozy. Les seules pourrait on dire tant la légitimité de ce pouvoir est désormais nul.
- La victoire est possible: «qu’il cède en retirant la loi sur les retraites ou qu’il cède sa place !»
Pierre François Grond