Cahuzac, Guéant, Tapie, Lagarde, Andrieux, Sarkozy… Ces dernières semaines, la vie politique est entachée par les affaires. Cela révèle l'extrême imbrication du pouvoir politique avec l'argent, les affaires, les grandes fortunes. Le seul changement du personnel politique ne servira à rien, c’est avec ce système qu’il faut rompre ! Fraude fiscale pour l’un, détournements de fonds pour l’autre ou encore abus de faiblesse ou partialité… Les affaires mouillant les hommes et femmes politiques, de gauche comme de droite, ne cessent, ces dernières semaines, de faire la Une de tous les médias, accentuant ainsi la crise politique et le discrédit envers la classe politique. La République des affairesCette collusion entre monde des affaires et direction de l’État est devenue courante, que ce soit à droite ou à gauche depuis que cette dernière s'est convertie aux logiques libérales dominantes. Depuis 30 ans, les affairess’accumulent et ce fut particulièrement vrai sous les présidences de Chirac et Sarkozy, tous deux mis en examen. On ne compte plus les ministres ou secrétaires d’État qui ont dû démissionner ou pour lesquels une information judiciaire a été ouverte après des scandales financiers de nature et d’importance diverses. Sans parler des cigares ou des voyages en jet privé payés par les fonds publics, les vacances de luxe chez les amis dictateurs, les emplois fictifs ou rapports bidon…Avec Guéant et ses centaines de milliers d'euros à l'origine opaque, la droite est dans le feu de l'actualité. Mais la gauche n’est pas épargnée, en particulier ces dernières semaines : condamnation de Sylvie Andrieux, députée PS des Bouches-du-Rhône, pour détournement de fonds ; mise en examen pour le patron PS des Bouches-du-Rhône, Guérini, pour association de malfaiteurs ; condamnation pour abus de biens sociaux de l’ancien député du Pas-de-Calais… Toutes ces affaires ne sont pas des suites d’erreurs individuelles ou de « fautes personnelles inexcusables » comme on aimerait nous le faire croire. Mais c’est bien le fonctionnementd’un système, d’une caste au service d’une classe qui est en cause. Cette minorité de riches qui décide pour la majorité et qui est convaincu que « tout est à eux ».Discrédit généralLa réalité des relations étroites entre la classe politique et le monde de la finance rattrape donc la vie politique. La Ve République et « la République exemplaire » tant vantée sont bel et bien incompatibles. Ces affaires ouvrent une crise politique sans précédent, conjointement à la crise économique et sociale. Incapables de juguler la crise, le discrédit des partis institutionnels, d’un personnel politique qui impose restrictions et sacrifices, est général. Et en embuscade, le Front national est là, attendant son tour. Mais, comme les autres, le FN fait partie du même monde. Une fois au pouvoir, ils ne serviront que les intérêts des classes dominantes. Cette Ve République est complètement disqualifiée. Il y a urgence à imposer une rupture politique radicale.Rupture démocratiqueIl est urgent de refonder un système démocratique qui institue de nouvelles règles, de nouvelles lois, qui permettent la démocratie du bas vers le haut, à l’inverse des pratiques actuelles. Tant que la représentation politique restera dans les mains de quelques-unEs, celle-ci restera un métier dans lequel les beaux parleurs se bousculeront toujours pour faire carrière.Il est temps de déprofessionnaliser la politique : interdiction du cumul des mandats ; interdiction de faire plus de deux ou trois mandats au cours de sa vie pour reprendre son travail et laisser la place à d’autres ; fixation du revenu des éluEs à la hauteur du salaire moyen de la population, il n’y a pas de raison que des mandatés gagnent plus que ceux et celles qu’ils représentent ; révocabilité des élus : une proportion d’électeurs doit pouvoir convoquer un nouveau suffrage s’ils pensent que le mandat a été trahi ; désignation d’exécutifs représentant réellement les assemblées élues. Il faut instituer la transparence intégrale sur les comptes publicset imposer quelques mesures phares : annuler la dette afin que les pouvoirs publics ne soient plus otages de la dictature des marchés financiers ; lever les secrets bancaires, commerciaux ou industriels ; supprimer les paradis fiscaux afin que l’argent volé soit enfin réinvesti au service de tous.« Tout est à nous ! », c'est donc à nous de décider toutes et tous ensemble !Sandra Demarcq