Les discours sur le retour de la croissance cachent mal la continuation de la crise dans la zone euro et la volonté des classes dominantes de la faire payer à la majorité de la population. La baisse des dépenses publiques, au centre de l’agenda libéral, devient l’objectif d’un gouvernement qui multiplie les signes au patronat...
Pacte de responsabilité, dîners en grande pompe avec le gratin des PDG français et internationaux, Hollande faisant applaudir Gattaz, chef du Medef, aux États-Unis, fermeté affichée de Ayrault en faveur de la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes dont il est clair qu’il s’agit d’un cadeau à Vinci…
L’axe PS-Medef à marche forcéeCette politique faites de reculs successifs par rapport aux faibles engagements du candidat Hollande, sur la PMA par exemple, renforce une droite extrême qui occupe la rue depuis un an et ne semble pas prête à l’abandonner, encourageant de fait les agressions contre les militants de gauche. L’exécutif s’enferme dans la mise en œuvre de la destruction des acquis sociaux – la sécu en premier lieu via la suppression des cotisations familiales patronales – et prépare des coupes sombres dans l’état social.Ces éléments s’inscrivent dans la volonté des classes dirigeantes de diminuer de 20 à 30 % le pouvoir d’achat des classes populaires, comme cela s’est fait en Grèce, pour restaurer des profits mis à mal par plusieurs années de crise. Arc-bouté sur un credo libéral dorénavant assumé, le Président s’apprête à avancer à marche forcée sur un vote de confiance pour le pacte de responsabilité, qui pourrait intervenir dès avril.Un remaniement s’annonce, et cela pourrait être l’occasion de se débarrasser des ministres EÉLV appelés à « sortir de l’ambiguïté » par le Premier ministre à propos de leur positionnement en faveur de la manifestation contre la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, alors que le pouvoir a tout fait pour qu’elle dégénère.
Reprendre l’offensive dans la rue et dans les urnesFace à cette situation, il est temps que le monde du travail, que la gauche sociale et politique, reprennent l’offensive et contestent la politique du gouvernement, dans les urnes – les listes soutenues par le NPA aux municipales et aux européennes en seront l’occasion –, mais surtout dans la rue. La construction de cette riposte nécessaire peut s’appuyer sur les luttes qui se mènent contre les licenciements et fermetures d’entreprises, pour les salaires, contre la précarité, dans de nombreuses entreprises du privé comme du public, comme à la poste dans le 92 et le 78 en ce moment même. Comme elle peut s’appuyer aussi sur les mobilisations pour l’égalité des droits, contre toutes les discriminations et tous les racismes, ou contre les ravages du productivisme et les grands projets inutiles…L’appel de quatre confédérations et fédérations syndicales à une journée d’action et de grève le mardi 18 mars peut aussi servir de point d’appui pour faire converger l’ensemble des mobilisations sociales et remettre en avant les revendications du monde du travail. À condition bien sûr de « sortir de l’ambiguïté », d’abandonner le « dialogue social », de faire de la lutte pour le retrait du pacte de responsabilité le cœur de cette journée d’action et de tracer la perspective d’une mobilisation plus large, dans ses objectifs et ses formes d’action.
L’unité la plus large pour les combattreAu-delà de ces luttes partielles et de ces journées d’action, chacunE doit s’attacher à créer les conditions de l’unité la plus large : pour s’opposer à la fois à l’axe PS-Medef et à l’offensive de cette droite réactionnaire, revancharde et fascisante qui occupe la rue et apparaît comme le principal opposant à la politique du gouvernement. Un grave danger pour l’ensemble des couches populaires et de la gauche syndicale et politique.La proposition d’une marche pour la riposte de gauche le samedi 12 avril répond à cet objectif. Sa date et son contenu revendicatif doivent être en débat parmi toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans la nécessité de changer le rapport de forces, d’avertir ou de combattre le gouvernement. Syndicalistes, militantEs associatifs, personnalitéEs, partis à la gauche du PS, ont toutes et tous leur place, à égalité, dans la construction d’un rassemblement dont l’urgence s’impose. Un rassemblement qui devra se poursuivre au-delà d’une manifestation, aussi nombreuse soit-elle.Côme Pierron