Son programme économique et social est sans surprise : un projet de droite décomplexée contre les intérêts de la grande majorité de la population. Non vraiment, le personnage n’a pas changé... mais le contexte politique général et celui dans son propre camp n’est plus le même. Dans son interview fleuve au Figaro, Sarkozy veut « mettre l’entreprise au centre de toutes les décisions économiques du gouvernement »...
Un programme clairement « made in Medef »Sarkozy décline ainsi cette « révolution des esprits » : remise en cause de la loi sur les 35 h par des accords entreprise par entreprise ; défiscalisation des heures supplémentaires ; suppression de l’ISF ; baisse des cotisations patronales et des impôts ; départ à la retraite à 63 ans ; remise en cause totale du code du travail qui devra « ne garder que les droits fondamentaux des salariés » ; conditionnement des aides sociales à un engagement de travail bénévole obligatoire ; attaques des « corporatismes », c’est-à-dire des syndicats de la CGT qui restent influents ; maintien des bonus monstrueux des patrons. Du Hollande, en encore pire !La suite, c’est moins de dépenses publiques, c’est-à-dire le démantèlement quasi total des services publics. En plus des 150 000 postes de fonctionnaires déjà supprimés, du service garanti dans les services publics les jours de grève, de l’autonomie des universités et du report de l’âge de la retraite, il s’agit aujourd’hui de rendre obligatoire le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux.Mais Sarkozy, qui se targue de n’avoir quand il était président « jamais retiré un seul texte sous la pression de la rue », va plus loin. Il propose que les collectivités territoriales négocient directement les rémunérations et le temps de travail des agents, qu’elles recrutent prioritairement avec des contrats de cinq ans, qu’elles augmentent le temps de travail par la baisse des jours de congé et la défiscalisation des heures supplémentaires, et que le jour de carence en cas de maladie supprimé par Hollande soit rétabli... Car c’est « ce qui explique la hausse de l’absentéisme dans nos administrations » ! Ajouté à la précarisation des agents, la casse du statut signifie aussi la fin du traitement égalitaire des citoyens d’une collectivité territoriale à l’autre, et rend plus problématique la qualité des services.
Un parti en difficultéGuerre des chefs, effondrement idéologique, élection à la présidence de l’UMP truquée, droit d’inventaire interdit, retour de Sarkozy porteur de nouvelles tensions, le parti de la droite est bien affaibli. Et dans le contexte électoral, les affaires resurgissent : Guéant, ministre de l’Intérieur et bras droit de Sarkozy, mis en examen pour « blanchiment de fraude fiscale en bande organisée » et « faux et usage de faux » dans l’affaire des financements libyens de la campagne électorale : le couple Balkany, qui, après 18 ans d’une très longue mais que l’on peut supposer sérieuse (!) procédure, est enfin condamné dans l’affaire des faux électeurs du 5e arrondissement ; un ancien ministre UMP qui a reçu « en loucedé » des rémunérations occultes, placées dans la banque HSBC, la super banque de protection des riches contre l’impôt !En difficulté, comme à son habitude, Sarkozy tente d’unifier son camp contre un bouc émissaire. Celui-ci est aujourd’hui tout trouvé : l’islam de France. Il a donc décidé de la création d’ un groupe de travail piloté par Guaino pour « apaiser le sujet »... Ce Guaino qui vit « dans une ère de civilisation où il y a une culture : la francité. En France on n’entre pas dans une cathédrale comme dans un parking ».
Nouveau mouvement à droite ?Sarkozy se pose en rassembleur de son camp dans l’intérêt du parti et de la France, mais l’élection législative du Doubs, perdue dès le premier tour pour la droite, a révélé la faiblesse idéologique et stratégique de l’UMP. La consigne de vote ni/ni de Sarkozy a mécontenté et le centre et la droite de l’UMP. Et la leçon de cette élection, c’est que le meilleur rassembleur des électeurs de droite a été le FN qui a raflé 6 299 voix supplémentaires entre les deux tours, des voix venant évidemment de la droite.Pour Sarkozy et l’UMP, le risque est non pas de capter les électeurs frontistes, mais de rendre attirant pour ses propres électeurs la version originale du populisme et de la xénophobie, le FN. Pour tenter d’y répondre, Sarkozy défend aujourd’hui la création d’une nouvelle formation politique. Mais sans idée vraiment nouvelle, sans orientation permettant le rassemblement des diverses influences qui traversent aujourd’hui l’UMP, cela reste difficile.
Roseline Vachetta