Mercredi 21 juin, les Soulèvements de la Terre ont été dissous en Conseil des ministres. Un cap supplémentaire franchi par un pouvoir pour lequel l’autoritarisme est devenu un mode de gouvernance depuis plusieurs années, et aussi un révélateur d’une volonté de plus en plus assumée de faire taire la contestation écologiste afin de maintenir à tout prix un système ultra-productiviste pourtant condamné.
L’annonce de la dissolution des Soulèvements de la Terre, le 21 juin, avait été précédée la veille d’une vague d’arrestations, avec 18 interpellations de militantEs écologistes, parmi lesquels Benoît, l’un des porte-parole des Soulèvements de la terre. Des interpellations qui faisaient elles-mêmes suite aux perquisitions et mises en garde à vue d’une quinzaine de militantEs le 5 juin, accusés d’avoir participé à une action visant la multinationale climaticide Lafarge. Huit autres militantEs devaient à leur tour être entendus le mercredi 28 juin, avec risque de mise en garde à vue : cinq représentants associatifs et syndicaux CGT, Solidaires, Confédération paysanne, Bassines non merci, et trois militantEs des Soulèvements de la Terre, accusés « [d’]organisation de manifestations interdites » à Sainte-Soline (en octobre et mars derniers).
Cours ultra-répressif
Après les premières menaces de Darmanin en mars au lendemain de la mobilisation de Sainte-Soline contre les mégabassines, théâtre d’une violente répression avec de véritables scènes de guerre, le pouvoir confirme donc son cours ultra-agressif contre le mouvement écologiste. Nul doute que cette offensive n’est pas la fin d’un processus mais une accélération, que de nouvelles interpellations auront lieu, ainsi que de nouveaux épisodes répressifs et de nouvelles menaces de dissolution.
Les discours sur la « violence » et l’« écoterrorisme » sont un écran de fumée qui dissimule mal la réalité : la macronie, au service des capitalistes du BTP, de la pétrochimie et de l’agrobusiness, a fait le choix de s’attaquer aux militantEs contre le réchauffement climatique. Ce qui présente une forme de cohérence car il est désormais devenu évident que Macron, comme les autres dirigeants des grandes puissances, a renoncé à toute rupture même partielle avec un système productiviste nuisible et écocide.
Leur « écologie » et la nôtre
La seule « écologie » tolérable pour ces gens serait une « écologie » qui ne fait rien pour lutter contre le capitalisme et ses dégâts, mais s’en accommode. Pour eux, plutôt brûler la planète que de renoncer à leurs profits ! En témoigne l’élaboration d’un plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) anticipant une hausse des températures de… 4 °C d’ici à 2100. Une manière d’imposer l’idée qu’il n’y aurait « pas d’alternative », que seule une adaptation (que l’on sait pourtant impossible !) de nos sociétés à un changement climatique — qui serait irréversible et contre lequel il n’y aurait aucun moyen, et donc aucune raison, de lutter — serait envisageable.
Autant dire une « écologie » qui n’a rien à voir avec… l’écologie, qui est contradictoire avec la lutte effective contre le réchauffement climatique. En s’en prenant aux Soulèvements de la Terre et aux militantEs écologistes, c’est en réalité l’écologie elle-même que Macron, Darmanin et compagnie voudraient faire disparaître par la répression et les interdictions. Une écologie et des luttes intolérables pour eux tant elles sont incompatibles avec le système et le modèle économique qu’ils défendent.
Nous ne nous laisserons pas faire !
On notera que c’est après la fin de la mobilisation historique pour défendre nos retraites que Darmanin et ses sbires sont passés à l’action, dans une situation qu’ils estimaient plus favorables et aussi dans un esprit à la fois revanchard et préventif vis-à-vis du mouvement social : nous avons repris la main, nous faisons payer les récalcitrantEs, avis à celles et ceux qui voudraient, à l’avenir, tenter de nouveau de s’opposer à nos politiques.
Cette offensive, dont nous vivons aujourd’hui une nouvelle phase, a en réalité commencé il y a plusieurs années, dans le silence assourdissant d’une bonne partie de la gauche sociale et politique, avec la loi « séparatisme » et la dissolution de plusieurs associations antiracistes comme le CCIF. Il est aujourd’hui essentiel qu’un front démocratique large se constitue pour défendre nos camarades, mais aussi l’ensemble des droits associatifs, syndicaux et politiques, que le gouvernement a décidé de mettre en pièces.
Comme il l’a déjà fait, le NPA a immédiatement apporté toute sa solidarité aux Soulèvements de la Terre et à l’ensemble des militantEs interpellés. Nous soutenons les mobilisations qui s’opposent aux projets écocides et nous continuerons de le faire, y compris les actions de désobéissance contre les grands projets inutiles et les grandes entreprises climaticides. Nous avons participé, nous participons, nous participerons à ces mobilisations, y compris lorsqu’elles refusent de se soumettre à la légalité, que d’aucuns voudraient confondre avec la légitimité. Parce que les criminels sont les gouvernements et les multinationales climaticides, nous ne cesserons de répéter que nos vies valent plus que leurs profits !