«Conscient des risques que ferait courir [sa] démarche (...) qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle », Hollande ne sera pas candidat à l’élection présidentielle. Trois jours plus tard, Renzi joue son sort dans un référendum qu’il perd très largement et doit démissionner...
C’est une évidence trop connue et vécue, les politiques néolibérales aggravent les conditions de vie et de travail des salariéEs, détruisent toutes les protections collectives – qu’elles se nomment code du travail, protection sociale, services publics... –, accélèrent le changement climatique et les ravages écologiques, et provoquent la misère et la guerre... Mais, juste retour des choses, ces politiques usent énormément et à grande vitesse le personnel et les forces politiques qui les mettent en œuvre.
Incapacité à faire advenir des embellies mille fois promises en compensation des sacrifices imposés, impuissance fruit de la soumission volontaire des institutions politiques aux banques et aux grands groupes capitalistes, brutalité de la répression face à toute contestation, et avec cela, arrogance indécente propre à ceux qui prétendent savoir ce qui est bon pour le peuple... Un mélange détonant qui ruine la légitimité des différents partis dits de gouvernement. C’est peu dire qu’ils ne nous représentent pas ! Les uns après les autres, tous les partis dominants sont discrédités : ainsi en quatre années de gouvernement, le PS a vu ses locaux devenir la cible préférée des manifestantEs (ex æquo avec les banques et Vinci) !
Sandro Gozi, le secrétaire d’État aux affaires européennes dans le gouvernement de Matteo Renzi, résumait ainsi les enjeux du référendum italien : « c’est le choix entre réformes et certitudes d’un côté, immobilisme et incertitudes de l’autre. » Ce sont donc bien leurs « réformes » – qui bout à bout font une contre-révolution libérale – et peut-être plus encore leurs « certitudes » arrogantes qui sont rejetées. Mais face à elles, loin de tout « immobilisme », avec nos « incertitudes » assumées, à nous d’inventer un autre monde et nos propres outils pour le construire dans et par nos combats contre leur monde pourrissant.
Christine Poupin