Comme on le sait, l’Europe est au menu de ces prochains mois, dans les urnes en particulier. Et il faut que les anticapitalistes trouvent les moyens – sonnants et trébuchants – de se faire entendre. Vous nous voyez venir ?
Véritable « midterm » à la française, les prochaines élections européennes constitueront le premier test électoral à grande échelle depuis l’arrivée de Macron au pouvoir en mai 2017. Elles auront lieu dans un contexte de poursuite de son offensive contre les classes populaires et la jeunesse et, au niveau international, de violence des attaques menées contre les droits démocratiques et sociaux, ainsi que contre l’environnement. Entre libéralisme européen et solutions nationalistes ou souverainistes, nous allons être somméEs de choisir notre camp, et le matraquage politico-médiatique (à moins que ce ne soit l’inverse…) a déjà commencé.
Refusons les jeux de rôle qui visent à faire passer Macron comme un rempart à la fièvre nationaliste et xénophobe des Salvini, Orbán et cie, et rejetons ce faux choix qui, au nom de la lutte contre l’extrême droite, voudrait nous faire embrasser l’Europe des banques… qui est aussi celle des barbelés ! L’évocation de plusieurs évènements qui ont eu lieu depuis mai 2014, date de la dernière élection européenne, est de ce point de vue édifiante.
Rompre avec la régression sociale
Quelques mois après cette échéance électorale, à l’issue d’une séquence de lutte du peuple grec, Tsipras est arrivé au pouvoir en janvier 2015. Sous pression des créanciers européens qui veulent imposer des reculs sociaux, après avoir organisé un référendum victorieux pour refuser les mesures avancées par la Troïka, le gouvernement grec a complètement abdiqué. En refusant la confrontation jusqu’au bout avec les institutions de l’Union européenne et le FMI, le pouvoir grec a tourné le dos à la défense des intérêts des travailleurEs grecs.
Preuve que si l’on veut un tant soit peu défendre une politique rompant avec l’austérité, il faut être prêt à aller jusqu’au bout, c’est-à-dire la rupture avec l’Europe capitaliste, ses traités et ses institutions.
Combattre les politiques racistes et criminelles
Cette Europe des créanciers, c’est aussi celles des politiques criminelles qui transforme la mer Méditerranée en cimetière pour celles et ceux qui veulent quitter leur pays. Car il s’agit de la route migratoire la plus meurtrière du monde : entre le 1er janvier 2014 et le 30 juillet 2018, l’Organisation internationale pour les migrations (rattachée à l’ONU) a recensé 5 773 morts et 11 089 disparus. Au total, 16 862 victimes en Méditerranée en quatre ans et demi, victimes de la barbarie et du cynisme des dirigeants européens. Ceux-ci refusent d’accueillir l’Aquarius et préfère donner des milliards au Maroc, à la Libye ou à la Turquie pour encager les candidatEs à la migration.
Face à cela, la seule solution reste de faire entendre une voix solidaire des migrantEs, contre Frontex et les accords de Dublin, pour la liberté de circulation et d’installation.
Refuser l’autoritarisme
Enfin, derrière le paravent du libéralisme économique et des valeurs démocratiques se masquent l’autoritarisme et le refus d’écouter les peuples, fussent-ils européens. Il y a à peine un an, la Catalogne en a fait la douloureuse expérience. Bravant les interdictions, refusant les pressions politiques venues de Madrid ou du reste de l’Europe, dans un contexte où les polices étaient omniprésentes, les dirigeants catalans – poussés par la population – ont organisé le 1er octobre un référendum d’autodétermination. Quelques jours plus tard, sur la base des résultats, était proclamée la république catalane. Mais le pouvoir espagnol, appuyé en cela par les autorités européennes, est intervenu brutalement : la Catalogne est mise sous tutelle, le Parlement destitué, les dirigeants jetés en prison pour « rébellion », « sédition », « détournement de fonds publics » et « désobéissance à l’autorité »…
Qui, parmi les grands démocrates européens (y compris à gauche) pour défendre l’autodétermination, pour que chaque peuple puisse décider de son sort, y compris jusqu’à la rupture ?
Vous l’aurez compris, si les anti-capitalistes ne se font pas entendre ces prochains mois, il n’y aura pas grand monde pour à la fois défendre jusqu’au bout des mesures de rupture avec l’austérité dictée par les États nationaux et l’Union européenne, arrêter l’hécatombe avec l’ouverture des frontières, et une démocratie totale avec le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais pour cela, nous avons plus que jamais besoin du nerf de la guerre (sociale). Aussi, versez et faites verser à notre souscription « contre Macron et l’Europe forteresse »…
Dons en ligne sur : https://npa2009.org/souscription