« Du noir surgit la lumière. C’est-à-dire qu’il est possible, toujours, de croire en la France, en cette fierté de la France » a cru bon de s’exclamer Hollande à Rodez lors de l’inauguration d’un musée...
Il entendait ainsi dénoncer le Front national... et, comme lui, nous chanter le même nationalisme qui voudrait nous faire croire que nous sommes tous, « l’artiste, l’entrepreneur, l’ouvrier, l’acteur politique », embarqués dans la même galère. Un mensonge qui voudrait nous faire accepter sa politique entièrement vouée au patronat, aux classes dominantes.
Fuite en avant au service du MedefHollande, le gouvernement, le PS ou l’UMP, tous aujourd’hui s’inquiètent, s’indignent, dénoncent le Front national et ses électeurs. Ils ont trouvé pires qu’eux, plus démagogues encore, pour tenter de faire oublier qu’ils sont les premiers responsables de la montée des idées réactionnaires, les Valls, les Copé, les Sarkozy qui flattent nationalisme et racisme pour détourner le mécontentement populaire que suscite leur action. Hollande et Valls continuent de mettre en œuvre la même politique que Sarkozy-Fillon, la règle d’or de l’austérité, la course à la compétitivité, la baisse du coût du travail, les cadeaux au patronat et aux riches. C’est bien cette offensive sociale et politique contre les travailleurs et les classes populaires qui fait le lit du FN. Et Hollande comme ses ministres s’empressent de rassurer leurs commanditaires : ils assument le discrédit, l’impopularité, liquident le PS. Qu’importe, ils accentuent les attaques.
Une logique dangereuse, une menaceLe chômage s’aggrave de mois en mois, et le ministre du Travail ne trouve pas mieux que d’annoncer qu’il va suspendre pour trois ans les seuils sociaux, l’obligation aux entreprises de garantir au-dessus de 10 ou 50 salariés des droits sociaux comme les comités d’entreprises. Pour enrayer le chômage dit-il. Il se fiche du monde. Ce n’est qu’une nouvelle attaque contre les droits des salariés, un recul demandé par le patronat mais qui ne créera pas d’emplois. D’autant que les conséquences de la politique du gouvernement sont désastreuses. La Cour des comptes et le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) viennent d’annoncer que, loin de se résorber, les déficits s’aggravent. Organisée par le gouvernement et le patronat, la régression sociale aboutit à une dégradation constante de la situation. Et le FN de Marine Le Pen n’a rien d’autre à proposer que de continuer : plus d’austérité avec en prime plus d’autoritarisme, plus de démagogie anti-immigré et raciste. Qui peut attendre autre chose de ces gens-là ? Leur seul objectif est le pouvoir pour servir leurs intérêts et ceux du patronat, des riches en étouffant la démocratie, les libertés pour nous faire taire.
Préparer la réponse du monde du travailIl est tout aussi aveugle de croire que le FN pourrait faire autre chose qu’accentuer les attaques contre les classes populaires, que de croire que le PS ou l’UMP pourrait nous en protéger. Ou d’invoquer la République, cette république du fric et des affaires, de Cahuzac en passant par Copé… La réponse, l’issue, ne pourra venir que de nous-mêmes, des travailleurs, de la jeunesse, de nos mobilisations et de nos luttes. Les jeunes qui sont descendus dans la rue contre le FN au lendemain des élections européennes ont eu raison. Tant mieux que la CGT appelle à une journée de grève et de manifestation le 26 juin avant la conférence sociale des 7 et 8 juillet et contre le FN. La CGT, la FSU, Solidaires, l’Unef et d’autres organisations étudiantes et lycéennes appellent à « s’organiser syndicalement, construire les mobilisations, lutter en partant des revendications des salariéEs, faire progresser la démocratie et gagner de nouveaux droits et conquêtes. […] Une contre-offensive concrète de terrain, dans les lycées, les universités, les entreprises, les services publics, dans tous les territoires, est indispensable ». Oui, la réponse ne peut venir que d’une contre-offensive du monde du travail et de la jeunesse, mais cette contre-offensive ne peut rester sur le terrain social. Elle prend un contenu politique contre le gouvernement et le patronat, en rupture avec le dialogue social, avec les forces politiques qui organisent la régression sociale. Une contre-offensive politique qui ose remettre en cause le pouvoir du patronat et des banques comme des partis qui les servent, par-delà les frontières, en lien avec les travailleurs de Grèce, d’Allemagne ou d’Espagne, quelles que soient leur origine et leur couleur de peau.
Yvan Lemaitre