Alors que l’UMP opte pour le ni-ni, certains candidats se désistent pour le FN.La droite et l’extrême droite, l’UMP et le Front national, sont aujourd’hui majoritaires dans le pays. Avec, respectivement, 34,1 % et 13,6 %, ils totalisent ensemble 47,7 % soit un peu plus que le PS et ses alliés. Leurs rivalités et le système électoral garantissent à la gauche de gouvernement une majorité à l’issue du second tour, mais d’ores et déjà ce rapport de forces électoral pèse pour la suite et attise les rivalités au sein des forces réactionnaires.
L’UMP enregistre un net recul de ses scores, onze points par rapport à 2007, tout en maintenant de solides positions alors que le FN progresse, même si ses résultats restent inférieurs à ceux de 1997. Il sera présent au second tour dans 61 circonscriptions dont 32 triangulaires. Ces résultats sont en deçà de ce qu’espérait Marine Le Pen. Ils lui permettent cependant d’exercer une forte pression sur l’UMP et son électorat préparés par la campagne de Sarkozy à composer avec l’extrême droite. Les chefs de l’UMP, empêtrés dans leurs propres rivalités pour la direction du parti, se débattent dans ce piège. Au final, l’UMP a décidé de refuser toute alliance avec le FN et tout « front républicain » : le ni-ni. Ils ne donneront aucune consigne de vote dans les 20 circonscriptions où le Front national affrontera la gauche. Par contre, ils ont demandé aux deux candidats UMP arrivés en troisième position contre le PS et le FN de se maintenir. Mais, dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône, Roland Chassain annonce son retrait au profit du FN contre un des dirigeants du PS, Michel Vauzelle. Jean-François Copé condamne sans condamner : « Ne nous arrêtons pas à une circonscription » ! Dans la 2e du Gard, Étienne Mourrut se retirera probablement en faveur de Gilbert Collard, le candidat du FN avec lequel il dit avoir « des idées similaires ».
Au-delà de ces deux circonscriptions symptomatiques se développe au sein de l’UMP un fort courant prônant un rapprochement avec le FN dont la Droite populaire se veut l’expression. Avec Jean-Paul Garraud, député de Gironde, elle se revendique du fait qu’ « une majorité des électeurs de l’UMP et des électeurs du FN veulent un rapprochement. Qu’est-ce qui est le plus important pour la France ? Cette question, seule, doit nous guider. » François Fillon n’a pas hésité à lui rendre une « une visite de soutien »... « Quand je lis le programme de la candidate du FN – non au vote des immigrés, non à l’assistanat... –, c’est mon programme ! En Provence, où le Front national est très fort, si on ne dialogue pas, on n’aura demain plus aucun député, plus aucune ville. Il faut qu’on arrête à Paris de nous prendre pour des imbéciles » déclare Chassain. Il est clair que les dirigeants de l’UMP, tout en défendant leurs propres intérêts, ne veulent pas s’opposer à l’opinion dominante parmi leurs militants que Sarkozy a envoyés dans les bras du FN et qui sont favorables à une alliance. Ce dernier cadeau empoisonné de Sarkozy permettra probablement à l’extrême droite de revenir au Parlement et ouvre la bataille à droite pour une nouveau parti populiste de la droite extrême.
Yvan Lemaitre