Comme dans l’ensemble de l’Europe, les résultats des élections européennes confirment la crise politique que nous connaissons ici : près de 50 % d’abstention, des votes pour l’extrême droite très élevés, un pouvoir globalement discrédité mais qui sauvegarde son capital électoral, et des forces de gauche atomisées et dominées par le social-libéralisme couleur verte... Contre le capitalisme, pour la justice sociale, il manque – encore et surtout – une voix pour le monde du travail.
Le Rassemblement national est donc arrivé en tête dans les urnes, s’appuyant sur le rejet du macronisme et de l’Union européenne pour dévoyer les colères sur le terrain du racisme et de la lutte du touTEs contre touTEs.
L’extrême droite menace
D’une élection européenne à l’autre, le RN gagne un demi-million de voix et ses thématiques nauséabondes ont infusé à droite toute la campagne, en particulier autour de la question de l’accueil des migrantEs. Le coup de poker pensé par Macron – transformer l’élection en plébiscite pour sa politique, celle là-même qui est contestée depuis six mois dans la rue et sur les ronds-points – a échoué : ce scrutin est devenu un référendum anti-Macron au seul profit du RN, que Macron et LREM n’ont pas manqué de désigner durant la campagne comme leur seul adversaire, dans un tête-à-tête mortifère.
Avec ses comparses d’Italie, de Belgique ou de Hongrie, qui ont aussi effectué des percées électorales importantes, le RN de Marine Le Pen incarne un danger mortel : celui de la concurrence la plus féroce entre les pays, avec les conséquences dramatiques qui en découleraient pour les classes populaires, pour les femmes, pour les personnes LGBT, pour les immigréEs, et pour l’ensemble des droits démocratiques et sociaux.
Les partis de gouvernement sauvent leurs places
Bien que totalement désavoués par les mobilisations de ces derniers mois, Macron et LREM parviennent à limiter la casse. De la même façon, en Allemagne et dans l’État espagnol, la droite ou le PS se maintiennent, bien que leurs politiques aient aussi été rejetées par les populations. Ces forces vont dominer le futur Parlement européen, ce qui illustre une nouvelle fois le caractère antidémocratique de ces institutions.
Ces formations veulent se présenter comme des remparts contre l’extrême droite... Mais ce sont bien les politiques qu’elles mènent, de casse des droits sociaux, de privatisations, d’autoritarisme, de mépris contre les classes populaires, de stigmatisation et de chasse aux migrantEs, qui engendrent les fruits pourris de l’extrême droite.
En France ou en Allemagne, les Verts ont remporté des scores importants en s’appuyant sur des préoccupations écologiques légitimes et des mobilisations internationales en faveur de la justice climatique. Mais en s’inscrivant pleinement dans la défense de l’économie de marché, ils continuent à faire partie du problème. Avec un total aux alentours de 30 % des voix, les partis de gauche sont historiquement au plus bas en France, payant leur défense des politiques libérales, notamment dans le cadre de l’Union européenne, leur participation récente au pouvoir, leurs divisions, ainsi que les difficultés de mobilisations sociales qui ont aujourd’hui du mal à gagner.
Lutter, débattre, construire
La crise économique, sociale, écologique, va continuer à se renforcer et le choix à faire est de plus en plus net : soit l’extrême droite prend de plus en plus de place – jusqu’au pouvoir ? – car les partis de gouvernement n’arrêteront pas son avancée, soit le monde du travail parvient à surmonter ses faiblesses pour construire une véritable alternative aux politiques libérales et/ou nationalistes.
Il est vain de vouloir aménager le système. Nous avons besoin d’une gauche radicale, indépendante des institutions, anticapitaliste et internationaliste, pour la rupture révolutionnaire avec le système, et dont le centre de gravité est la défense concrète du monde du travail.
Il y a urgence à construire une représentation politique pour tous les exploitéEs. Les petits calculs boutiquiers ne peuvent plus être de mise, et les résultats de dimanche soir montrent que personne ne peut prétendre représenter à lui seul un quelconque rassemblement, une quelconque expression populaire des intérêts de la majorité.
Sans nier les désaccords qui existent, par la discussion et la confrontation des points de vue, nous voulons œuvrer à l’unité de notre camp social, pour être capable de s’unir pour agir : contre le gouvernement, contre la répression, contre le racisme, pour nos revendications sociales, démocratiques et écologiques. Dès aujourd’hui, il devrait être possible de se coordonner pour que les luttes gagnent ensemble au lieu de perdre les unes après les autres...Pour la convergence des mobilisations, à ce travail de construction politique, urgent et nécessaire, le NPA prendra toute sa part.