Par 302 voix, Manuel Valls a obtenu la confiance de l’Assemblée nationale mardi 8 avril. Contrairement à Ayrault, il n’a pas fait le plein des voix dans la majorité et plus largement à gauche... Mais nous sommes loin de la rupture !
Le discours de politique générale du nouveau Premier ministre ne laisse place à aucun doute : c’est bien la même politique qui sera menée. Une politique soumise aux exigences du patronat avec comme fil rouge la baisse des cotisations patronales, des milliards de cadeaux fiscaux et le Pacte de responsabilité cher au Medef. Et pourtant à gauche, mis à part les députés du Front de gauche qui ont tous voté contre, il n’y a eu aucun vote contre cette politique qui aggravera encore plus la vie de la majorité d’entre nous.
Beaucoup de bruit pour rienAvant le vote de confiance, la pression était à son comble. Beaucoup de députés socialistes, dont la figure historique Emmanuelli, avaient menacé de ne pas voter la confiance si le nouveau gouvernement ne changeait pas de politique. On avait la même musique chez les écologistes qui auraient dû s’abstenir au vu du résultat de leur conseil fédéral (83 % en faveur de l’abstention parlementaire). Mais cette « crise de confiance » a fait pshiiit puisque seulement onze députés socialistes, essentiellement issus de la dite « aile gauche », se sont abstenus, ainsi que six députés EÉLV (sur 17 !), les autres ayant donné quitus à Valls. Au vu des déclarations médiatiques d’Emmanuelle Cosse affirmant sur tous les tons que son mouvement fait bien partie de la majorité présidentielle, cela n’a rien de surprenant. Pas plus dans la rue qu’au Parlement, EÉLV ne veut entendre parler d’une opposition de gauche.
S’opposer clairementDepuis plusieurs semaines, le Front de gauche et en particulier le Parti de gauche fait les yeux doux à la gauche du Parti socialiste et à Europe écologie les Verts pour construire une « nouvelle majorité » à gauche. Même le regroupement Ensemble le propose : « La crise politique qui s’amplifie impose d’ouvrir sérieusement les discussions entre le Front de gauche, EÉLV et les gauches du PS, pour créer les conditions d’une majorité de gauche alternative »... Comment créer demain une « alternative » avec ceux et celles qui s’abstiennent aujourd’hui ? Sans parler de celles et ceux qui au sein de la gauche du PS ou d’EÉLV ont voté la confiance à Valls !Il n’est pas possible de combattre les politiques d’austérité, la course à la compétitivité, la baisse du coût du travail, la casse de la Sécurité sociale sans s’affirmer clairement comme une opposition au gouvernement et donc au minimum voter contre la confiance. Ne pas choisir aboutit à une confusion, car cela laisserait entendre qu’il serait possible de changer de cap dans le cadre de la majorité actuelle.La question d’une alternative politique ne se posera que si nous sommes capables, tous ensemble, de mettre en échec les projets du patronat et du gouvernement. Cela veut dire préparer les mobilisations nécessaires contre le Pacte de responsabilité. C’est tout l’enjeu des semaines à venir, et c’est cela qui sera le véritable vote de censure de ce gouvernement.
Sandra Demarcq