À la veille du débat sur sa loi de santé, Marisol Touraine, la ministre de la Santé, l’a confirmé : l’application du tiers-payant, permettant aux patientEs de ne pas avoir à avancer le coût d’une consultation chez le médecin, sera bien généralisé..... d’ici fin 2017. Ce sont d’abord les patientEs remboursés à 100 % de leurs soins par la Sécurité sociale (bénéficiaires de la CMU complémentaire, accidentéEs du travail, ou victimes d’affections de longue durée) qui en bénéficieront d’ici 2016, et il ne s’appliquera à l’ensemble des malades qu’au cours de l’année 2017. Malgré ses limites (maintien de la franchise de 1 euro, coût de l’assurance complémentaire) l’instauration du tiers-payant marquerait un réel progrès pour les patientEs : l’avance du coût d’une consultation est souvent dissuasif pour les familles pour lesquelles les fins de mois sont difficiles. Les syndicats de médecins libéraux ont appelé à manifester contre le tiers-payant et pour le retrait de la loi Touraine le dimanche 15 mars. Les syndicats de chirurgiens dentistes et les patrons de cliniques privées leur emboîtent le pas, unis dans une défense commune de la médecine privée libérale ou commerciale. Il est parfaitement légitime que les médecins libéraux exigent d’être payés rapidement et sans complications administratives. Mais c’est à juste titre que le Syndicat de la médecine générale (SMG) dénonce « le caractère corporatiste de la mobilisation dans sa défense à tout crin du modèle libéral de la médecine », et appelle donc à ne pas participer à la manifestation du 15 mars. La mobilisation réactionnaire pour le retrait de la loi Touraine a pour principale conséquence d’occulter les vrais enjeux de cette loi qui doit être combattue parce qu’elle est bien une loi de destruction de l’hôpital public – 22 000 suppressions d’emplois prévus en 3 ans – et de privatisation de la Sécurité sociale. C’est parce qu’elle s’inscrit dans la continuité du Pacte de responsabilité et de la loi Macron que son retrait doit faire partie des mots d’ordre de la manifestation interprofessionnelle du jeudi 9 avril. La mobilisation doit franchir une étape.
J.C. Delavigne