1 000 dollars par seconde. 10 000 morts par jour. Leurs profits sur les vaccins, nos morts faute de vaccins ! Pour les pays riches, 155 vaccins pour 100 habitants. Seulement 9,3 pour 100 habitants dans les pays pauvres !
Alors que l’Europe est frappée par une 5e vague, on apprend déjà le nom de la sixième, Omicron. Car l’apartheid vaccinal a accouché d’un nouveau variant. L’urgence n’est pas à la fermeture des frontières, cela n’a pas marché avec le variant delta, pourtant moins contagieux, l’urgence est à la levée de l’apartheid vaccinal, qui est l’autre nom des brevets, du monopole de production pour 20 ans de ces biens communs que devraient être les vaccins anti-covid, rapidement trouvés grâce aux milliards d’argent public, mais accaparés par les Big Pharma, et protégés par Macron.
Pénurie dans les pays pauvres, mais hold-up sur la Sécu dans les pays riches. Alors que les vaccins sont ceux du peuple, financés une première fois sur fonds publics, notre Sécu doit les payer une deuxième fois au moment de l’achat des doses. 2,5 milliards d’euros pour la Sécu en 2021, l’équivalent de l’embauche de 59 000 infirmierEs !
Alors, si la réunion de l’OMC a été reportée, pour cause d’Omicron, la mobilisation a été maintenue. Le 30 novembre, de Djakarta à Bruxelles, de Paris au Cap, est descendue dans la rue l’exigence de la levée des brevets et des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins, tests et traitements Covid. La conférence de presse internationale de Genève a été le meilleur exemple de cette solidarité, en présentiel ou par zoom, d’Afrique du Sud ou du Parlement de Berne, ONG, fédérations syndicales comme PSI, Fédération mondiale des syndicats des services publics, ITF, Fédération mondiale des syndicats du transport, associations, éluEs, 24 voix du monde entier ont réaffirmé cette exigence.
L’éclairage a été mis sur l’apartheid vaccinal
Mais l’arrivée de traitements réduisant de plus de 50 % les risques de formes graves de Covid, chez les personnes présentant des facteurs de risque importants, va révéler l’apartheid médical dont sont synonymes les brevets des Big Pharma.
Pour isoler, et maintenant plus encore pour traiter, il faut tester ! Médecins sans Frontières souligne qu’un test peut être produit et vendu autour de 5 dollars. Mais il sera vendu, par Cepheid par exemple, autour de 19,8 dollars. Cepheid qui a reçu 250 millions de dollars d’argent public US, pour développer ses nouveaux tests Covid GeneXpert. Et qui « généreusement » propose de baisser ses prix à 14,9 dollars, pour les pays à faibles et moyens revenus ! Encore trois fois trop cher selon MSF. Et sans test, comment mettre en œuvre les nouveaux antiviraux comme le Molnupiravir de Merck (MSD) ? Un traitement coute 17,74 dollars à produire, sa recherche est largement issue de de fonds publics. Mais il sera vendu par Merck 712 dollars aux USA, quarante fois plus. Mystère sur le prix que notre Sécurité sociale va payer pour les 50 000 doses commandées par Véran. Secret commercial oblige. Merck, mais aussi Pfizer, vantent leur accord avec le Medecines Patents Poll pour un accès équitable, à prix réduit, aux nouveaux antiviraux dans les pays pauvres. Un véritable trompe-l’œil selon une tribune parue dans le Monde, qui souligne que « les progrès restent cantonnés à des pays et à des conditions d’administration si complexes qu’il s’agit finalement pour les deux compagnies pharmaceutiques concernées de “niches” et de marchés peu attractifs et rentables pour elles ».
Urgence pour la santé, pour les services publics
Déjà fortement ébranlés par des années d’austérité, les hôpitaux publics et leurs personnels épuisés sont menacés d’explosion par la Covid. La prise en charge des autres pathologies, sans parler de la prévention, est repoussée. C’est le constat unanime dressé par les militantEs du réseau européen contre la privatisation et la marchandisation dans la santé. En France, Belgique, Pays-Bas et bien plus encore en Grèce, où la politique de la troïka a laminé le système de santé publique, les hôpitaux sont débordés. Cela nourrit les mobilisations, comme celle du 4 décembre en France, Urgence pour la santé, qui dénonce la poursuite des politiques d’austérité, là où il faudrait investir massivement dans la santé, les 20 % de lits fermés, faute de personnels. Mais cela nourrit aussi une accélération de la fuite des personnels hors de l’hôpital, pour celles et ceux qui n’ont plus d’espoir dans une amélioration du système. Si l’on jette son regard sur les systèmes de santé des pays dominés, un seul chiffre suffit pour avoir une idée de leur état. Seuls 28 % des établissements de santé africains ont un accès correct à l’électricité.
Alors qu’une véritable politique de prévention de la diffusion du Covid devrait être mise en place avec et par les populations, elle se résume souvent au visage du gendarme, au pass sanitaire ou à un simple SMS de l’assurance maladie. Impossible pour les bourgeoisies d’accepter de desserrer l’étreinte de l’austérité, ou de lâcher du pouvoir aux salariés, aux usagers, aux habitants des quartiers, même sous prétexte de Covid. Alors si le capitalisme nuit gravement à la santé, en ces temps de Covid, opposons-lui nos mobilisations, nos exigences, notre auto-organisation et notre solidarité internationale. Personne ne sera sauf, tant que tout le monde ne sera pas sauf !