Il y a quelques jours, la gouvernement annonçait la mise en place de la gratuité de la contraception pour les femmes de moins de 25 ans. Si cette mesure, toute relative, peinait déjà à convaincre, elle a aussi le problème majeur de ne pas s’attaquer à une autre partie du problème : la charge contraceptive.
Dans les couples hétérosexuels, la majorité des moyens de contraception sont à la charge unique des femmes.
Une charge mentale et financière sur les femmes
Pour nous le stérilet, la pilule, l’implant, l’anneau vaginal, le diaphragme cervical, les injections, les patchs, etc. Pour eux… pas grand-chose si ce n’est le préservatif, encore que là aussi ces derniers sont majoritairement pris en charge par les femmes. Or la contraception a un coût : Lucile Quillet, autrice du Prix à payer estime que la pilule coûterait à elle seule environ 4 900 euros au cours de la vie d’une femme, et ce sans compter les visites médicales chez le gynécologue et autres examens médicaux voire la prise en charge de la contraception d’urgence ou d’une IVG. Au-delà de l’aspect financier, la contraception nécessite aussi d’y penser : étudier les différents moyens de contraception, essayer, choisir la sienne, être attentive aux effets indésirables, prendre la pilule chaque jour à la même heure, connaître la date de ses dernières règles, s’alerter en cas de retard, prévoir de ne pas être en manque de pilules, prendre rendez-vous chez le gynécologue… Bref la contraception on y pense tout le temps, on se renseigne, on en discute avec notre médecin, on la prévoit sur la durée.
La contraception masculine doit se développer !
Évidemment, on peut se dire que, si la contraception est aussi largement assumée par les femmes, c’est que nous sommes en première ligne du risque de grossesse non désirée : à nous la grossesse, la douleur, le stress pour accéder à l’IVG dans les temps voire la charge de l’enfant non désiré à venir. Mais il serait quand même temps que les hommes hétérosexuels prennent leur part de la charge contraceptive. En participant aux frais de la contraception, en discutant au sein de leur couple de cette charge, voire en cherchant eux aussi à avoir accès à la contraception. Des méthodes existent : les préservatifs bien sûrs, mais aussi des méthodes hormonales ou thermiques (slips, anneaux) encore trop peu connues et accessibles au public : il faut se mobiliser pour que le sujet de la contraception masculine soit pris en charge et que des nouvelles pratiques se développent.
Enfin, profitons de cet article pour rappeler à tous les hommes qui ne veulent pas ou plus d’enfant que pour eux la vasectomie se fait avec un simple anesthésiant local, par le biais de deux petites incisions cutanées d’environ un demi-centimètre au niveau des testicules, que ça prend environ 10 minutes et qu’il n’y a quasiment pas de risques de complications. Alors que la ligature des trompes nécessite une anesthésie générale et se pratique le plus souvent par cœlioscopie (c’est-à-dire en traversant la paroi abdominale) et comporte plus de risques de complications par la suite. Plus répandue au Royaume-Uni et au Canada où un homme sur cinq a choisi la vasectomie, en France seulement 0,8 % des hommes ont passé le pas. En cause ? Des idées reçues et des stéréotypes masculins d’une sacro-sainte « virilité » directement liée à leur scrotum, qui associe la vasectomie à une « castration » qui leur est insupportable. Messieurs, il serait temps d’être un peu sérieux et de prendre en charge vous aussi votre contraception.