Le 13 octobre, le Premier ministre et la ministre de la Santé inauguraient la nouvelle maison de santé de Châlus (Haute-Vienne) ; l’occasion de promouvoir le plan de lutte gouvernemental contre les « déserts médicaux », qui se limite en réalité à un catalogue de petites recettes inefficaces.
Plus de 8 % de la population (soit plus de 5 millions d’habitantEs) vit, en France, dans l’une des 9 000 communes où il manque des médecins généralistes.Cette partie vieillissante du corps médical part souvent à la retraite sans être remplacée, la médecine générale et ses conditions d’exercice attirant de moins en moins.
Un plan qui n’en est pas un
Dans les campagnes, mais aussi dans les quartiers populaires des villes, l’accès aux soins devient de plus en plus difficile. Le manque de médecins de ville s’ajoute à la disparition des services hospitaliers de proximité et aux obstacles financiers.
Le plan annoncé le 13 octobre n’apporte aucune réponse à la mesure du problème. 400 millions d’euros sur cinq ans seront consacrés au doublement du nombre de « maisons médicales » (actuellement un peu moins d’un millier) regroupant des professionnels libéraux. Un doublement qui ne convaincra pas des médecins libéraux, jouissant de la liberté d’installation, d’exercer dans les quartiers populaires ou dans des secteurs ruraux. Dans leur grande majorité ils continueront en effet à gonfler les effectifs des régions déjà bien dotées, comme les centres des grandes villes, ou les côtes méditerranéennes. Quant aux patientEs, ils devront continuer à avancer une partie des frais de consultation, le gouvernement ayant cédé aux lobbies de médecins libéraux sur la généralisation du « tiers payant » qui restera facultatif.
Palliatifs dérisoires
Les autres mesures ne sont que des palliatifs dérisoires : la télémédecine peut être, dans certains cas, un complément utile, mais elle ne remplace pas la présence de praticiens sur le terrain. Faire travailler des médecins retraités jusqu’à un âge de plus en plus avancé (cumul emploi retraite), préconiser des consultations de médecins hospitaliers, déjà débordés à l’hôpital, transférer aux infirmières une partie des tâches médicales : chacunE peut juger de la pertinence de ces « macroneries ». Le gouvernement n’a même pas relevé le nombre d’étudiantEs en médecine pouvant accéder à la deuxième année (numérus clausus), contribuant ainsi à maintenir et même amplifier la pénurie. Le « pragmatisme » gouvernemental s’arrête là où commencent les dogmes libéraux et les politiques d’austérité qui interdisent toute réponse un tant soit peu efficace.
Celle-ci ne pourrait venir que d’un véritable service public de santé avec des centres de santé publics et gratuits, des hôpitaux de proximité, et des centres hospitaliers couvrant l’ensemble du territoire en fonction des besoins de la population. Mais cela suppose d’en finir avec une médecine libérale à bout de souffle, et de mener une politique d’extension du service public de santé, financé à 100 % par la Sécurité sociale : des choix aux antipodes de ceux de Macron et du gouvernement.
Jean-Claude Delavigne