À l’appel d’un de leurs syndicats, l’ISNI, les internes en médecine ont engagé une grève reconductible. Ainsi, ils ont manifesté le mardi 18 avril dans plusieurs villes (Paris, Rouen, Marseille). Le mouvement a été voté jusqu’à, au moins, le 25 avril.
Sans rejeter le principe d’une réforme des études, une partie des internes en conteste plusieurs aspects, et souhaite obtenir des garanties sur un certain nombre de points. La réforme, censée rendre la formation plus « homogène » aboutit en fait à ce que certaines spécialités, comme la pédiatrie, voient leur internat passer de quatre à cinq ans, alors que d’autres (cardiologie, gastro-entérologie et néphrologie) restent à quatre ans... Ainsi, pour une spécialité comme la cardiologie, la formation qui était jusque-là de six années (quatre années de formation et deux de mise en pratique) passerait à quatre années (trois années de formation et une année de mise en pratique).
La dernière année d’internat, se ferait sous le nouveau statut « d’assistant spécialiste », alors que, jusqu’à présent la période de mise en pratique avait lieu après la fin de l’internat, sous la forme de deux années « d’assistanat ». Le résultat serait donc la perte d’un tiers de la durée de formation. Pour d’autres la diminution serait d’un quart.
Enfin la réforme aboutirait à ce que les internes en dernière année assument les responsabilité de chef de clinique, tout en étant rémunérés comme des internes. Les médecins en formation paieraient ainsi leur tribut à l’austérité budgétaire.
Extrême précarité
Le ministère campe jusqu’à présent sur ses positions. Au sortir de la rencontre avec le ministère, Olivier Le Pennetier, président de l’ISNI, déclarait : « Notre revendication de passer à cinq années pour certaines spécialités doit être réévaluée dans un an par le comité de suivi ? Mais il est présidé par les personnes qui ont piloté cette réforme ! Actuellement, ils ne nous écoutent pas. Je ne vois pas pour quelle raison ils nous écouteraient dans un an. »
Pour tenter de faire accepter sa réforme, le ministère a proposé scandaleusement un accès plus rapide au « secteur 2 » (permettant les dépassements d’honoraires...) que Marisol Touraine prétend par ailleurs combattre. Une proposition qui ne semble d’ailleurs pas avoir, au départ, choqué les représentants des internes.
Pour justifier son intransigeance, le ministère met en avant le taux limité de participation à la grève, qui prouverait un soutien des internes à sa réforme. Dans la réalité, les difficultés de la mobilisation s’expliquent largement par l’extrême précarité dans laquelle se trouvent les internes, soumis à une hiérarchie médicale toute puissante et à laquelle on ne peut s’opposer sans risquer tout son avenir professionnel.
Jean-Claude Delavigne et correspondants